La journée mondiale de la femme est toujours une occasion de commémorer, d'abord l'événement avec tout ce que cela renferme d'enseignement et de signification. C'est aussi une opportunité de faire le point sur l'état d'avancement de la condition féminine à moult registres. Notre pays a franchi, sans aucune contestation, des étapes considérables dans le sens du rehaussement de sa moitié, en continuelle éclosion, quoique de longs chemins restent à parcourir pour combler toutes les attentes. A ce propos, le tissu associatif par le truchement duquel, le mouvement féminin marocain a su se frayer des places au soleil, à l'issue de laborieuses et ardues actions d'épanouissement. Dans le sillage des exemples lumineux qui agrémentent cette montée salutaire des femmes dans la société civile, nous citerons aujourd'hui, le cas de Jamila Ait Bellal, militante associative à Agadir. Une femme généreuse et dynamique qui ne cesse d'œuvrer pour la cause des femmes en difficulté, à travers l'association Oum Al Banine dont elle est présidente, en compagnie de nombre de ses collègues tout aussi imprégnées par cette action notoire. Entretien Al Bayane : Que représente pour vous cette occasion du 8 mars ? Jamila Ait Bellal : C'est une journée symbolique, certes, mais reste, à mon avis, une journée parmi tant d'autres où la femme est censée sortir davantage de sa coquille pour faire germer toutes les potentialités dont elle regorge. La condition de la femme a besoin, en effet, d'un travail de longue haleine, consolidée par les acquis cumulés des années durant dans le contexte de la démocratisation et la modernisation de la nation. Comment se présente l'action associative dans le sud ? Il ne fait pas de doute, la femme du sud marocain, est en train de déployer un effort impressionnant, en particulier dans le domaine du développement, au niveau des associations et des coopératives. Cette dynamique a pu mettre en fonction de nombreuses initiatives génératrices de revenus, en terme de constitution d'entités dans les domaines des produits du terroir, particulièrement l'huile d'Argane, l'amande, le safran…Au niveau d'Agadir, le travail féminin se focalise surtout sur les conditions de la femme en difficulté, au niveau des femmes célibataires, des enfants abandonnés, des bonnes surexploitées, des femmes victimes de la violence…Notre association Oum Al Banine, s'attelle, en effet, à ce genre d'actions, en coordination avec toutes les parties concernées, aussi bien institutionnelles, représentatives qu'associatives. Pensez-vous, à la lumière de la nouvelle constitution, que le Maroc pourra élever ses indicateurs sociaux dans lesquels les femmes jouent un rôle prépondérant ? Il est vrai que la nouvelle constitution a représenté un tournant décisif dans l'histoire de l'élévation des conditions de vie. Elle a permis, entre autres, l'institutionnalisation de nombre de droits économiques et sociaux des populations et la consécration de la parité et de la justice sociale. Cependant, il va sans dire que l'application de toutes ces innovations institutionnelles est tributaire d'un gros déploiement de toutes les forces vives de la société pour mettre à contribution ces acquisitions. Nous en avons la possibilité, au vu des capacités intrinsèques des citoyens, notamment des femmes qui endurent le plus les affres des effets de l'injustice et de l'avilissement. Les marges de liberté et la volonté manifeste d'aller dans ce sens sont des outils indéniables afin de mettre à l'épreuve cette tâche qui se range, en fait, dans l'alignement des générations de réformes entreprises par notre pays, depuis déjà presque deux décennies. Beaucoup de dépravations de la vie publique demeurent un sérieux handicap pour le développement multidimensionnel Quelle place la femme occupe-t-elle dans cette ébauche nationale ? Une place de choix. Il n'y a plus de raison que la femme se cantonne dans les arrières-plans, alors que les lois et les codes, notamment le code de la famille, sont érigées pour justement l'incorporation organique de la femme dans ce grand chantier. Au niveau de la vie associative, au côté naturellement de la participation politique et représentative, la contribution de la femme est vitale, au regard de son aptitude sincère et perspicace. Il ne s'agit pas, en effet, d'un mécénat que cherche la femme, mais d'un mérite affiché dans les éventails de la vie commune.