Les défis d'une identité «Id n usggwas». «Idh Yennayer». La veille de l'année. La veille du premier jour de la nouvelle année. C'est durant cette nuit que les festivités marquant l'avènement de la nouvelle année se déroulent depuis des millénaires dans toute l'Afrique du nord. Cette année, le premier jour du nouvel An 2963, sera célébré le dimanche 13 Janvier 2013. «Yennayer», rappelle-t-on, intervient treize jours après le calendrier grégorien. Mais bien avant ce calendrier, «Yennayer», intervient entre deux cycles solaires, les solstices et les équinoxes. Il marque ainsi une certaine séparation entre la période des grands froids et celle de radoucissement. Et depuis la plus haute antiquité jusqu'à présent, ce calendrier constitue toujours une référence dans le monde de l'agriculture. Mais malgré cet aspect historique fortement significatif et sa forte connotation identitaire, force est de constater que cette date n'est pas «célébrée» officiellement au Maroc. En d'autres termes, elle n'est pas reconnue officiellement comme date véhiculant une histoire, marquant un évènement, alors qu'elle remonte à trois millénaires. Aujourd'hui, avec la validation de la nouvelle constitution par l'écrasante majorité du peuple marocain, l'intégration du script amazigh Tifinagh dans le Windows 8, la question qui se posait depuis des décennies quant à l'officialisation de la langue amazighe devait trouver la bonne réponse... dans la mise en œuvre des dispositions de la loi fondamentale. Celle-ci dispose que «l'amazighe constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception». Cette formule du premier alinéa de l'article 5 de la Constitution de juillet 2011 met ainsi définitivement un terme aux vieilles conceptions qui résumaient et réduisaient l'identité du Maroc aux seuls arabité et Islam. Aujourd'hui, la question est d'une actualité brûlante. Il va falloir élaborer, examiner, débattre et adopter les projets de loi organique relative à l'amazighe, ses fondements, ses orientations et les domaines de son application, ainsi que la loi organique du Conseil national des langues et de la culture marocaine. Et c'est en fonction de ces lois, comme nous l'avons déjà souligné dans les colonnes de ce journal, que dépendrait la marche du train de l'amazighité sur ses rails. Il s'agit dans ce registre de la situation future de l'amazigh dans les politiques publiques, l'enseignement, les médias, le champ culturel et les services publics en général.