La situation future de l'amazigh dans les politiques publiques en question L'amazigh, comme composante de l'identité marocaine, après plus d'un demi-siècle de marginalisation dans les livres d'histoire, l'enseignement et les médias. Voilà la question qui se pose et s'impose. Aujourd'hui, d'aucuns soulignent qu'en dépit des efforts déployés pour promouvoir l'amazighité dans ses dimensions linguistique, identitaire et civilisationnelle, les choses avancent péniblement et lentement. Après la Charte d'Agadir en 1991, il a fallu attendre 10 ans (discours royal d'Ajdir, en 2001) pour marquer la fin d'une conception monolithique de la culture marocaine. En effet, ce discours historique, dont nous commémorons ce mercredi, le onzième anniversaire, demeure un acte politique fort, ayant réhabilité l'amazigh, en soulignant qu'elle est l'une des expressions de l'identité plurielle du Maroc, mettant ainsi un terme aux conceptions qui véhiculaient que la culture amazighe n'était qu'une simple distraction folklorique. Une autre décennie plus tard, la constitution de juillet 2011 mettra définitivement un terme à toute équivoque et soulignera que le Maroc n'est riche que par sa diversité culturelle et linguistique : la langue amazighe avec ses différentes variantes et l'arabe avec ses composantes dialectales. Une nette rupture avec le passé «L'amazighe constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception», dispose la Constitution. Cette formule du premier alinéa de l'article 5 de la Constitution de juillet 2011 met un terme aux vieilles conceptions qui résumaient et réduisaient l'identité du Maroc à l'arabité et à l'Islam. Après cette étape cruciale, les projecteurs sont braqués aujourd'hui sur l'Hémicycle ayant la charge d'élaborer, d'étudier et d'adopter les projets de loi organique de l'amazigh, ses fondements, ses orientations et les domaines de son application, ainsi que la loi organique du Conseil national des langues et de la culture marocaine. Et c'est en fonction de ces lois que dépendrait la marche du train de l'amazighité sur ses rails. Il s'agit dans ce registre de la situation future de l'amazigh dans les politiques publiques, l'enseignement, les médias, le champ culturel et les services publics en général. Dans son dernier discours à l'occasion de l'ouverture de la 1re session de la 2e année législative de la 9e législature, le Souverain a tracé les contours de cette étape à venir. «Pour ce qui est de l'expression de notre identité, ouverte et plurielle, Nous en avons déjà posé les bases dans Notre Discours historique d'Ajdir, et la nouvelle Constitution est venue la graver dans l'irréversibilité. A cet égard, il vous appartient d'adopter les lois organiques relatives à l'opérationnalisation du Conseil national des langues et de la culture marocaine et à l'officialisation effective de la langue amazighe, loin de tout a priori et de tout calcul étroit», a souligné le Souverain vendredi dernier depuis le perchoir de l'Hémicycle. Il s'agit de l'effectivité de l'acte relevant du droit, de la loi suprême. «Pour l'effectivité de cet acte, il faut des décrets d'application qui assurent la mise en œuvre effective de la loi dans les politiques publiques et l'implémentation du nouveau statut dans les institutions concernées, notamment dans l'éducation, l'information, la culture, la justice, l'administration, etc.», indique Ahmed Boukouss, recteur de l'IRCAM. Le parfum du pluralisme est là. Et tout dernièrement, en octobre 2012, Microsoft introduit la graphie millénaire tifinaghe dans Windows 8, réaffirmant ainsi sa reconnaissance internationale.