Les habitants menacent de vider leurs Ksours C'est désormais un rituel pour les habitants de la commune rurale des Ait Zdeg d'El Kheng, dans la province d'Errachidia. Un sit-in est déjà observé depuis quelques semaines, des marches organisées de temps à autre et les doléances sont toujours les mêmes. Rationaliser la gestion de leurs terrains collectifs, en cours de dilapidation. Ainsi, le nouvel an de l'hégire a vu sillonner les ayants droit qui réclament haut et fort qu'on prenne en considération leurs revendications. Les manifestants choisissent, pour faire entendre leur voix, les portails des autorités compétentes, «qui font jusqu'à présent l'oreille sourde», selon eux. Trouver une solution adéquate et durable pour ce problème de l'extension des habitats ruraux est une vraie bataille entre les deux parties. Selon une lettre ouverte adressée à Mohamed Merghich, gouverneur de la province d'Errachidia, la population des ayants droit est passée par différentes étapes dans cette affaire épineuse qui traine depuis déjà 10 ans. «Il s'agit d'un étirage inadmissible de la part des autorités et d'une procrastination obsolète, mais nous disons que c'est désormais fini la fonction d'antan, à savoir l'exécution des ordres des autorités, car nous voulons être un partenaire au service du développement économique, social et culturel. La commune rurale d'Elkheng propose ainsi ce cadre de partenariat, à travers lequel il y aurait des projets et des alternatives au lieu d'être à la merci des autorités qui ont entravé depuis longtemps le développement de cette région», fait préciser un membre de la communauté d'Ait Zdeg. Par ailleurs, la lettre ouverte fait tomber le voile sur un certain nombre de dérapages et de transgressions des lois en vigueur, par les intervenants dans les terres collectives. Et d'ajouter, en s'adressant toujours au gouverneur, que compte tenu de toutes les considérations indiquées ci-dessus, les requérants demandent de corriger tous les dérapages antérieurs et d'adopter une position et une politique claire dans l'extension de l'habitat rural, surtout que les procédures légales sont bien respectées par les ayants droit. Ces derniers demandent ainsi de fixer un délai précis, pour entamer une réunion sur cette affaire, avec la participation de tous les intervenants. Les conclusions et recommandations doivent par la suite être respectées et appliquées par tous. Il est à signaler que le Dahir du 27 avril 1919, demeure la seule référence juridique qui continue à régir les terres collectives au Maroc indépendant, émanant de la volonté colonialiste de bien contrôler les collectivités ethniques. Fondement de la société marocaine traditionnelle, ces terres constituent jusqu'à nos jours une problématique lancinante pour les autorités de tutelle, à cause d'une mauvaise gestion de ce patrimoine. Les ayants droit assistent souvent désarmés à la spoliation, l'accaparement la dilapidation et vente ou cessation frauduleuse de leur droit inaliénable et imprescriptible.