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Gestion hospitalière : Place à la méritocratie
Publié dans Albayane le 05 - 07 - 2012

Au risque de se répéter une fois de plus, je dirais tout simplement sans état d'âme, sans détour que le problème auquel est aujourd'hui confronté le secteur de la santé, n'est pas tant un problème de finances, de matériel, de médicaments, ou de structures, c'est celui de la mauvaise gestion des établissements sanitaires.
Qui dit gestion, dit gestionnaire, manager et donc la personne à qui on a confié la responsabilité du centre de santé, de l'établissement, du laboratoire, de la pharmacie ou de l'hôpital. Quels sont les critères retenus pour postuler au poste de directeur d'hôpital ?
Comment sont nommés les directeurs des hôpitaux ? Quelle est la formation des directeurs d'hôpitaux ? Qui a le pouvoir de décision pour nommer les directeurs d'hôpitaux ?
Le Mardi 3 Juillet 2012, le chef du gouvernement, Abdalilah Benkirane, était au niveau à la 2ème chambre pour répondre aux questions des conseillers. Parmi les points qui ont retenu mon attention c'est quand il a parlé de la performance, de la qualité, de l'excellence, de la transparence, de l'honnêteté , de la gestion, de l'efficience qui doivent être autant de critères de mérite pour confier un poste de responsabilité à une personne qui a toutes les qualités requises si nous voulons réellement être performants.
S'agissant de nos hôpitaux, de nos délégations et autres établissements de santé peut-on dire en notre âme et conscience que tous les postes de responsabilités sont détenus par des femmes et des hommes qui ont les profils nécessaires, les compétences indispensables ?
Les nominations qui ont été faites avant l'arrivée du nouveau gouvernement ont-elles obéi à une démarche saine, transparente où seule la méritocratie a prévalu ?
Telles sont les questions qui taraudent l'esprit de bien des citoyens, mais aussi de professionnels de santé qui, souvent, ne comprennent pas les choix qui ont été opérés surtout quand ce sont des personnes qui n'ont pas la formation nécessaire et qui sont sans expériences qui occupent des postes de responsabilités.
Quand on soulève la question qui consiste à savoir si nos hôpitaux sont performants ou non, s'ils sont bien équipés, si les personnels sont compétents, la réponse est claire, c'est absolument oui.
Il n'y a pas photo, on ne peut nier tous les efforts de modernisation et d'innovation de nos hôpitaux qui sont considérés parmi les meilleurs au niveau régional et continental et ce en dépit parfois de certaines critiques des citoyens sur le manque de convivialité, la difficulté des rapports entre soignants et soignés, l'attente parfois longue au niveau de certains services chauds
Bref, ce genre de réflexion reste souvent tributaire de l'expérience des uns et des autres avec l'hôpital. C'est une réflexion qui peut revêtir un caractère purement fantaisiste, qui ne repose sur aucune réalité, on pense et on dit ce que d'autres s'expriment loin de toute objectivité.
L'arme redoutable de l'inefficacité
Toutefois, certains hôpitaux souffrant beaucoup plus d'un manque de visions claires, d'un projet d'établissement cohérent , n'ont pas d'objectifs précis , les directeurs de ces établissements hospitaliers naviguent à vue, car ils ont été parachutés ou si on préfère pistonnés . Dans ces conditions, on ne peut pas s'attendre à des miracles, bien au contraire, on constate qu'il y a un grand fossé qui existe entre la gestion qui est actuellement faite de ces structures et celle qu'elle avait connue avant l'arrivée de certains directeurs.
Notre pays ne peut plus se permettre ces dérives, il est grand temps de remédier aux erreurs du passé, il n'y a plus de place pour le clientélisme, le népotisme, les traitements de faveurs. Notre pays a besoin de femmes et d'hommes dont la formation et le profil les disposent pour gérer ces mêmes hôpitaux, mais qui ont été écartés pour des raisons que la raison ne peut accepter.
On comprend mieux pourquoi certains hôpitaux sont malades de leur gestion.
Un hôpital mal géré est par définition une structure malade et qui dit gestion médiocre ou incompétente pour mener à bien le service public dit la porte ouverte aux dérapages, aux abus, à la médiocrité...
Quand un hôpital est mal géré que ce soit par incompétence, ignorance, les responsables donnent le mauvais exemple, agissent avec légèreté, n'accordent pas ou peu d'intérêt aux problèmes courants (ressources humaines, matériel, qualité des soins, absentéisme, corruption).
Les citoyens finissent par en payer le prix et ne cachent pas leur grief à l'adresse de certaines structures hospitalières.
Seule la méritocratie doit prévaloir
Il faut donc revoir la copie, il s'agit de confier la gestion des hôpitaux à celles et ceux qui ont de réelles compétences, des diplômes qui les prédisposent pour assurer de telles responsabilités. Ne plus accepter et ne plus admettre une bonne fois pour toute les parachutages, les nominations partisanes, le favoritisme, le clientélisme qui sont synonymes de médiocrité.
Il faut savoir que lorsqu'on ouvre la porte aux dérives , quand on écarte ceux qui ont des compétences et qu'on privilégie pour les postes de responsabilité certains qui n'ont pas de formations spécifiques qui les prédisposent pour gérer les hôpitaux et autres services, on contribue à la médiocrité , au mauvais rendement , au laxisme , à la corruption et toutes sortes de dérives néfastes et nuisibles du service public.
Notre réel problème, celui auquel il faut s'attaquer, c'est à l'évidence celui de former des professionnels de santé intègres, honnêtes, dévoués et motivés.
Il s'agît aujourd'hui de remédier aux erreurs qui ont été commises, de confier la santé de nos concitoyens aux personnes compétentes, celles qui ont de réelles capacités pour gérer, ceux qui sont pétris d'expériences, qui ont des diplômes reconnus de gestionnaires des structures de santé. Des professionnels exemplaires, dont la probité, la droiture, l'honnêteté ne font pas défaut.
Des directeurs d'hôpitaux exemplaires
Homme de synthèse, le directeur est avant tout un manager doté d'une culture de santé publique au service de l'amélioration du service public hospitalier. Il est aussi un stratège capable de porter une vision pour l'avenir de l'établissement dont il a la charge
Plus que jamais, il doit être un leader apte à mobiliser l'ensemble des professionnels exerçant dans l'établissement hospitalier dont il assure la gestion.
Le directeur d'hôpital est un acteur de santé porteur de fortes valeurs de service public, tourné vers la satisfaction des besoins de la population desservie
À ce titre, il conduit la politique générale de l'établissement en cohérence avec la politique de santé tracée par le ministère de tutelle. Il est le garant de la prise en charge optimale des malades qui s'adressent à l'hôpital et du bon fonctionnement de l'établissement et de sa performance globale.
L'éthique hospitalière que le directeur d'hôpital doit porter exige un traitement égal de tous les patients quels que soient leurs lieux de résidence, leurs origines sociales, leurs moyens, leurs âges et leur sexe. Il doit tout mettre en œuvre pour que chaque citoyen soit soigné en fonction des besoins que demande son état de santé en veillant à l'équité de tous aux mêmes soins.
A l'écoute de leurs collaborateurs
Pour assurer pleinement ses fonctions et assumer ses missions, le directeur d'hôpital doit travailler en harmonie avec tous les professionnels, il n'exerce pas ses missions seul et coupé des réalités ; il doit savoir s'entourer des compétences nécessaires à l'accomplissement de son travail. Il concerte, négocie avec les professionnels qui, chaque jour, s'investissent et s'impliquent pour assurer le bon fonctionnement de l'hôpital. Il doit également expliquer et convaincre du bien-fondé des décisions et faire preuve de pédagogie.
Il veille à ce qu'il y ait une cohérence d'ensemble dans toutes les actions qu'il entreprenne. C'est pourquoi il devra avant toute chose obtenir la confiance des équipes qu'il anime, des médecins avec lesquels il partage des valeurs communes, avec les infirmiers qui sont le fer de lance de notre système hospitalier et avec les administratifs pour pouvoir gagner l'adhésion sur les projets institutionnels. Afin d'asseoir sa légitimité, une attitude sereine et ferme (non autoritaire) lui sera nécessaire.
Mais pas seulement : il lui faudra aussi bien connaître ses collègues et les professionnels
en étant à leur écoute afin de mieux cerner leurs attentes et leurs difficultés, leur consacrer du temps, vérifier que chacun reste fidèle aux valeurs énoncées ci-dessus. Car le directeur d'hôpital est responsable et garant de la cohésion des professionnels.
Le temps du changement
Quand on voit le profil de certains directeurs d'hôpitaux nommés il y a de cela quelques temps avant l'arrivée du nouveau ministre de la santé, on ne peut que s'étonner, car on souffle le chaud et le froid, on dit une chose et son contraire. Ce genre de comportement et de décision est contraire à toute éthique car il s'agit avant toute chose de la santé des Marocains et sur ce chapitre personne n'a le droit de les exposer à des risques.
Le ministre de la santé, le professeur Houcine Louardi, a signifié clairement que la santé de nos concitoyens ne saurait être confiée à celles et ceux qui n'ont pas toutes les compétences requises pour mener à bien toutes les actions nécessaires pour assurer un réel essor à la pratique médicale. Tous les moyens pour mener à bien les missions dévolues aux structures hospitalières seront octroyées, les recrutements des médecins et des infirmiers seront revus à la hausse, les pharmacies des hôpitaux seront dotées en médicaments, en matériel, les revendications seront étudiées comme il se doit, la motivation sera aussi au rendez-vous...
Par toutes ces actions et tant d'autres, le ministre de la santé entend démontrer, si besoin est, que son département entend assurer pleinement ses responsabilités, mais que, parallèlement, les autres responsables doivent eux aussi rendre compte.
Il s'agit de savoir qui fait quoi, qui est responsable de tel ou tel autre acte. Cette approche nous permettra de réaliser un véritable changement et passer d'une logique basée sur la diligence à une logique de confiance, d'évaluation et d'efficacité.
C'est ce qu'attendent nos citoyens.
D'ici là portez-vous bien.


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