On ne peut pas parler de politique de la ville si l'on ne tient pas compte de toutes ses composantes culturelle et matérielle. Sans culture, le projet sera unijambiste, rien que du bâti sans âme aucune et sans place à la rêverie ou à la création artistique et culturelle, selon le dramaturge et scénariste Mohammed Kaouti. Intervenant lors d'un panel, organisé lors des assises nationales pour la politique de la ville (Rabat, 27 juin), le président de la Mutuelle nationale des artistes a souligné la nécessité d'intégrer la dimension culturelle dans le grand projet de la politique de la ville, qui devra, à ses yeux, avoir l'être humain comme finalité et s'en servir dans le processus de formation d'une population citoyenne à travers la culture et l'éducation. Il est vrai qu'il s'agit d'un véritable défi à relever pour le moment, étant donné que le pays accuse un grand retard en la matière, qui s'explique par le fait que la culture et les arts étaient assimilés à des produits de luxe par les décideurs. C'est dans le cadre de cette vision qu'ils avaient décidé d'enterrer la troupe de théâtre de la Maâmoura, héritière de la troupe marocaine de théâtre, créée du temps du protectorat français au Maroc dans le sillage de la politique de la culture généralisée, décidée dans le cadre du plan de démocratisation de la culture de l'écrivain André Malraux, alors responsable du secteur, sur recommandation du général Charles De Gaulle. Maintenant que le Maroc s'est doté d'une nouvelle constitution, qui a fait de la culture un droit reconnu aux citoyens au même titre que les autres droits fondamentaux, la voie est donc ouverte pour réhabiliter le secteur et lui donner la dimension qu'il mérite notamment dans le cadre de la politique de la ville, ont recommandé les participants aux assises nationales. Ils ont en effet appelé au renforcement du rôle de la culture dans toute programmation ou confection de projets urbains pour permettre à la politique de la ville de jouer pleinement son rôle dans l'avènement de villes pilotes, objectif majeur des responsables du secteur. Selon ces assises nationales pour la politique de la ville, le processus de planification de l'espace doit en effet constamment évoluer en s'appuyant surtout sur les leviers social, culturel et physique de la cité dans le but de générer des formes et des structures diversifiées et variées. La ville ne pourra en définitif que s'en sortir renforcée avec des structures d'accueil d'activités artistiques et culturelles incitant à l'émulation et à la création. Homme de création artistique par excellence, M. Kaouti s'est réjoui de voir les initiateurs de la Politique de la ville intégrer la culture dans ce projet de société dans le but de prévenir à l'avenir la construction d'ensembles d'habitats sans âme et sans sens de la vie. La culture, a-t-il dit, a un rôle capital dans le façonnement et la formation de la personnalité de tout un chacun. Sans culture et sans âme, on risque de n'avoir que des vandales parmi nous, a-t-il laissé entendre.