L'Agence du bassin hydraulique de la Moulouya a élaboré un ambitieux plan définissant les principales orientations pour la gestion et la préservation des ressources en eau au niveau du bassin de la Moulouya pour les vingt prochaines années. D'un investissement global estimé à 23 milliards de dirhams, le Plan directeur d'aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE) ambitionne de satisfaire durablement et dans des conditions technico-économiques satisfaisantes les besoins exprimés par les différents utilisateurs de cette denrée vitale. Selon les responsables de l'Agence, ledit Plan décrit la stratégie de l'Agence pour satisfaire les futures demandes en eau, assurer une répartition rationnelle et efficiente de cette richesse et stopper la détérioration des eaux, en tenant compte des facteurs naturels, techniques et économiques du bassin. Le PDAIRE, véritable document de référence "Véritable document de référence, élaboré selon une démarche concertée avec les différents partenaires, le Plan établit les orientations de la gestion de l'eau dans le bassin et intègre les obligations définies par la stratégie nationale de l'eau ainsi que les orientations de la stratégie environnementale. Le nouveau PDAIRE, explique le directeur de l'Agence, M. Mohamed Chtioui, prévoit une série d'actions, biens définies dans le temps et l'espace, visant à assurer la satisfaction des besoins en eau même en période de sécheresse et la préservation des ressources en eau contre la pollution et le gaspillage, outre la protection de la population contre les "phénomènes extrêmes". Le Bassin Hydraulique de la Moulouya (BHM), l'un des grands bassins du Royaume (10, 4 pc de la superficie du Royaume et 2, 4 millions d'habitants avec une grande concentration sur la côte), se déploie sur quatre régions économiques et présente une grande diversité géographique. En dépit de ses faibles ressources et leur répartition inégale, spatiale et temporaire, le bassin connaît une dynamique socio économique importante à la faveur des grands projets réalisés ou programmés dans cette zone et des déclinaisons des stratégies sectorielles (Plan Maroc Vert, Vision 2020 du tourisme etc.) qui impactent directement les besoins en eau. Les changements climatiques, fortement ressentis dans le bassin avec des sécheresses de plus en plus fréquentes (réduction des apports de 29 pc depuis 1970), le phénomène des inondations et le rythme actuel d'envasement des barrages, piliers de développement socioéconomique, "complique la gestion de cette denrée vitale", note M. Chtioui, faisant remarquer que le barrage Mohammed V a perdu 50 pc de sa capacité depuis sa mise en service. Pour faire face à toutes ces contraintes, il a fallu l'élaboration d'un nouveau plan directeur d'aménagement intégré des ressources en eau du bassin, qui sera bien évidemment complété par une panoplie de mesures réglementaires et institutionnelle pour accompagner sa mise en oeuvre. Des actions grandioses pour relever des défis de taille La demande en eau potable au niveau du bassin de la Moulouya augmentera de près de 93 pc, passant de 91 millions de mètres cubes par an actuellement à 176 Mm3/an en 2030, et la demande agricoles sera de 1.226 Mm3/an en 2030, contre 1.192 Mm3/an actuellement. Le potentiel en eau de surface, selon des données de l'Agence, est estimé à environ 1.300 Mm3, répartis entre la Moulouya (1.122 Mm3), Kert (105 Mm3), Isly (42Mm3) et Zousfana (22 Mm3). Les ressources en eaux souterraines (environ 40 nappes) sont estimées à 460 Mm3, avec un potentiel exploitable de 352 Mm3/an. Dans un souci de retrouver l'équilibre des nappes, une réduction des prélèvements de 28 Mm3/an s'avère nécessaire. Une meilleure gestion de la demande en eau au niveau du bassin à travers la planification d'un ensemble d'actions visant la rationalisation de la demande et une utilisation efficiente et valorisante de la ressource mobilisée, est l'un des objectifs du PDAIRE. Les responsables de l'ABHM s'attèlent aussi à favoriser une gestion de l'offre par la poursuite de l'effort de mobilisation à travers la réalisation de 4 grands barrages et plus de 100 petits barrages. Le PDAIRE, souligne le directeur de l'Agence, a introduit des "techniques nouvelles comme la collecte des eaux pluviales, la réutilisation des eaux usées épurées, le dessalement des l'eau de mer et la déminéralisation des eaux saumâtres". Ledit Plan s'articule aussi autour de la préservation des ressources en eau par la réalisation de travaux de protection contre toutes les sources de pollution et l'économie d'eau d'irrigation, en plus des actions de recharge artificielle des nappes pour les régénérer, a encore ajouté M. Chtiou, mettant en avant l'intérêt particulier accordé aux zones humides (plans d'eau, lagunes, SIBE etc.). Il a de même mis l'accent sur les actions devant permettre de réduire la vulnérabilité des biens et des personnes contre le risque des inondations en s'attaquant aux points noirs et en procédant à des corrections des cours d'eau. Le traitement des bassins versants pour réduire l'envasement des barrages, figure aussi parmi les actions retenues dans le cadre du PDAIRE. Le choix a porté sur les bassins versants de Msoun et de Oued Za pour y réaliser des actions mécaniques et biologiques. Le nouveau Plan sera accompagné par des actions transversales de communication, d'information et de vulgarisation.