Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Entretien avec Bouguenouch Bendaoud, directeur de lAgence du bassin du Souss-Massa-Draâ : Une nouvelle stratégie d'exploitation des ressources hydriques
* Les 2/3 des besoins en eau du Souss-Massa-Draâ sont assurés par les ressources en eau souterraine. * Avec la construction des nouveaux barrages, le taux de mobilisation des eaux de surface atteindra les 80%. Finances News Hebdo : La région du Souss-Massa-Draâ occupant un rang très important au niveau agricole, le nombre de barrages construits est-il suffisant pour répondre aux besoins de la région ? Bouguenouch Bendaoud : Effectivement, cette région joue un rôle très important dans l'économie régionale et nationale. L'agriculture axée surtout sur des produits à forte valeur ajoutée (agrumes et maraîchage) permet à la région d'exporter une part très importante de la production nationale, et ceci grâce aux efforts consentis par les pouvoirs publics avec la réalisation de périmètres irrigués publics, utilisant les eaux de surface (barrages), et avec le privé qui prélève les eaux souterraines des nappes du Souss et Chtouka. À cet effet, la région du Souss-Massa compte 8 grands barrages qui régularisent 374 Mm3 par an. Le taux de mobilisation des eaux de surface dépasse les 70%. Ces ressources en eau de surface permettent la satisfaction d'au moins 30% des besoins en eau de la région qui sont de l'ordre de 1.100 Mm3, dont 95% à usage agricole. Il faut rappeler que les 2/3 des besoins en eau sont assurés par les ressources en eau souterraine, notamment les nappes du Souss et Chtouka. Le Plan Directeur d'Aménagement Intégré des Ressources en Eau du Souss-Massa, en cours d'actualisation par l'ABHSM (Agence du Bassin Hydraulique du Souss-Massa), prévoit la construction de 4 nouveaux barrages : 3 sur les affluents de la rive droite de l'oued Souss destinés à la recharge artificielle de la nappe du Souss et l'irrigation de quelques périmètres agricoles à l'aval, et un barrage sur l'oued Tamri pour renforcer l'AEP du Grand Agadir. Ajoutés à cela une dizaine de petits barrages et lacs collinaires. Avec la construction de ces nouveaux barrages, le taux de mobilisation des eaux de surface atteindra les 80% et sera parmi les plus élevés au Maroc. Ce niveau de mobilisation des eaux de surface, ajouté au volume d'eau prélevé à partir des eaux souterraines, permettra de satisfaire à terme les besoins en eau de la région, et des réflexions sont en cours pour aller vers d'autres solutions, notamment le dessalement de l'eau de mer pour l'AEPI du Grand Agadir. F. N. H. : Quelles sont les mesures prises pour rationaliser la consommation de l'eau dans ce périmètre ? B. B. : La stratégie de sauvegarde des ressources en eau réalisée par l'ABHSM prévoit, pour la période 2006-2020, un ensemble d'actions et de mesures pour rationaliser la consommation en eau et qui visent principalement la gestion de la demande en eau. Parmi ces actions on note: L'incitation à l'économie d'eau d'irrigation par l'encouragement de l'utilisation des techniques d'irrigation localisée comme le goutte à goutte ; La maîtrise des extensions des superficies irriguées et l'interdiction de creusement de nouveaux forages et puits non autorisés; L'application d'une tarification réaliste qui favorise l'utilisation rationnelle de l'eau et pénalise les gaspilleurs ; L'amélioration des rendements des réseaux d'irrigation et d'AEP ; L'économie d'eau au niveau des industries ; La réutilisation des eaux usées domestiques après traitement pour l'arrosage des espaces verts, des golfs etc.... La participation de tous les acteurs de la région à la gestion intégrée des ressources en eau conformément à la loi 10/95 sur l'eau. En outre, et afin de permettre à la région de garder son rôle moteur de production agricole, les agriculteurs de la région doivent être très sensibilisés quant à l'importance de la valorisation de l'eau, compte tenu des contraintes de rareté des ressources en eau et de commercialisation des produits agricoles. F. N. H. : Est-ce qu'il existe une possibilité de venir en aide aux régions les plus menacées ? B. B.: Plusieurs possibilités existent pour venir en aide aux zones les plus touchées par la rareté de l'eau : Le transfert d'eau à l'intérieur du bassin : l'exemple le plus récent dans la région est celui du projet de sauvegarde du périmètre agrumicole d'El Guerdane par le transfert d'eau à partir de la retenue du barrage Aoulouz qui se trouve à l'amont du bassin. Le transfert d'eau à partir de bassins excédentaires vers les bassins déficitaires. Plusieurs exemples existent dans d'autres bassins du nord du pays. L'étude de révision du PDAIRE (Plan Directeur d'Aménagement Intégré des Ressources en Eau) du Souss-Massa examinera cette possibilité pour le cas du Souss. Les projets de sauvegarde des oasis de la région initiés par le MATEE visant à instaurer des modes de gestion intégrée des ressources en eau. Les niveaux d'incitation à l'économie de l'eau : subvention FDA qui devra passer de 40 à 60%, aides financières de l'ABHSM... Une meilleure gestion des ressources en eau concertée avec l'ensemble des partenaires, etc... Il est à noter que la Région Souss-Massa-Draâ prépare une convention avec l'ensemble des partenaires locaux et centraux pour la sauvegarde des ressources en eau et la valorisation de l'agriculture dans la région, basée sur l'étude de la stratégie de développement de la région SMD réalisée par la RSMD, et l'étude de la stratégie de sauvegarde des ressources en eau réalisée par l'ABHSM.