Environ 58% des marocains ont participé au boycott des produits économiques en 2018, selon les résultats d'une étude intitulée « Indice de confiance et de qualité institutionnelle » réalisée par L'Institut marocain d'analyse des politiques (MIPA). 69% des Marocains ont exprimé leur mécontentement face à la trajectoire générale et l'avenir du pays alors que 74% pensent que les efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces. Ce rapport a pour objectif de « fournir une plate-forme de débat public et de présenter des recommandations et des propositions aux décideurs pour modifier et réformer les règles institutionnelles dans le but de promouvoir la confiance et renforcer les institutions », selon un communiqué de MIPA. « Notre objectif n'est pas de diffamer ou d'affaiblir les institutions, mais de diagnostiquer et de comprendre les défaillances » a déclaré son président Mohamed Masbah lors d'une conférence de presse à Rabat. Concernant la confiance dans le domaine sociale, les résultats préliminaires de cette étude révèlent, essentiellement, que les Marocains ne se font confiance entre eux (54%), un niveau très bas comparé avec la Suède à titre d'exemple. Ils font plus confiance à leur famille proche (92%) et à leur grande famille (77%), tandis que 68% se disent fiers d'être marocains. Dans les secteurs de la santé et de l'éducation, les marocains font davantage confiance au secteur privé qu'au secteur public, avec une proportion importante de 83% pour l'éducation et de 73% pour la santé. Pour ce qui est des institutions souveraines, les marocains accordent une grande confiance à l'armée (83%) à la police (78%) et une confiance moindre à la justice (41%). Pour Mohamed Masbah, ce phénomène est généralement similaire dans tous les pays arabes « parce que le citoyen cherche toujours à satisfaire ses besoins personnels de base » sans lesquelles « cela signifierait pour lui le chaos ou la siba comme l'appellent les marocains », cependant, tient il à rappeler, ces pourcentages sont plus élevés dans les pays européens comme la Suède. Ce sont les institutions élues qui écopent des taux de confiance les plus bas: Ainsi, seul quelque 10% connaissent les noms des présidents des deux chambres du parlement, 32% font confiance au parlement, 23% au gouvernement et 22% uniquement aux partis. Mais malgré le manque de confiance dans les institutions politiques, l'étude a révélé un intérêt particulier pour la participation à la vie politique. Environ 58% ont participé au boycott économique, ce qui est supérieur au taux de participation aux élections, fait remarquer le président de l'Institut. 35% ont eu l'occasion de participer à un sit-in et environ 40% ont l'intention de participer aux prochaines élections. Cette étude, la première du genre pour cet institut et qui sera désormais annuel, a concerné un échantillon de 1 000 citoyens dans 30 villes. Elle s'est basée sur des techniques de recherche quantitatives et qualitatives par le biais d'interviews par téléphone et ordinateurs, suivies d'interviews individuelles approfondies et de focus groupes avec des parlementaires, des membres de partis politiques, des associations et des syndicats. Mohamed Masbah souligne qu'il s'agit d'une « méthodologie scientifique maitrisée » dont les résultats sont « très proches à la virgule prés » de ceux de l'enquête mondiale sur les valeurs, du baromètre arabe ou encre de l'Institut royal des études stratégiques. L'étude a été réalisée avec le soutien de la Fondation allemande Heinrich Böll et le National Endowment for Democracy, et avec la participation de la société Averty et de l'ONG Sim Sim.