L'Institut marocain d'analyse des politiques (MIPA) a présenté les résultats de son « Indice de confiance et de qualité institutionnelle ». Un rapport statistique annuel réalisé avec le soutien de la Fondation Heinrich Boll. Il en ressort, essentiellement, que les Marocains sont très méfiants vis-à-vis de leurs institutions. Le rapport, présenté par le directeur du MIPA, Mohamed Mesbah, vise à fournir une plate-forme pour le débat public sur la question de la confiance dans les institutions au Maroc, et à faire des recommandations et propositions aux décideurs, pour changer et réformer les règles institutionnelles, toujours dans cet objectif de « renforcer la confiance » et de « renforcer les institutions ». Le MIPA s'est appuyé dans ce travail sur une combinaison de techniques de recherche quantitative et qualitative. La première, exécutée en octobre 2019 par le cabinet Averty est basée sur un échantillon de 1000 personnes, « représentant la population marocaine âgée de 18 et plus », assure Mohamed Mesbah. La recherche qualitative s'appuie, quant à elle, sur l'approche « Grounded theory », basée sur la construction de cadres analytiques à travers un ensemble structuré de données de terrain. La famille, première source de confiance On apprend par cette étude qu'en termes de confiance sociale, « les Marocains font avant tout confiance à leurs familles ». Environ 95,2 % des personnes interrogées l'ont ainsi exprimé. Et plus globalement, les Marocains ne se font pas mutuellement confiance. 42 % des répondants ont ainsi déclaré ne pas faire confiance au reste de leurs compatriotes. Défiance de la chose politique Les participants à la recherche ont déclaré leur « insatisfaction » par rapport à la trajectoire générale qu'emprunte le pays. Et 69 % d'entre eux ont affiché leur « inquiétude » par rapport à cette trajectoire. « Cela relève un degré élevé d'incertitude chez les Marocains quant à l'avenir », a notamment expliqué Mohamed Mesbah. La Moitié des interrogés se disent ainsi « mécontents » de la situation économique, et environ 74 % d'entre eux estiment que « les efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces ». Ils n'ont d'yeux que pour le privé En matière de Santé et d'Education, les Marocains ayant répondu à l'étude du MIPA distinguent entre le secteur public et le secteur privé. Et dans les deux cas, c'est le privé qui bénéficie généralement des niveaux les plus élevés de confiance. Pour l'enseignement public, elle est d'environ 48 %. Cette même observation peut être faite en matière d'inégalité dans le secteur de la Santé. 24 % des personnes interrogées ont déclaré faire confiance à l'offre publique de Santé, alors que 73 % est à mettre au compte du privé. Institutions : le régalien inspire plutôt confiance L'échantillon des 1000 Marocains ayant fourni de la matière à cette étude ressent une « grande méfiance » à l'égard des institutions élues. Pour ce qui est des partis politiques, pourvoyeurs de responsables promues via des suffrages nationaux, environ 69 % des interrogés ont déclaré leur défiance. Et seulement 25 % font confiance aux syndicats, et 23 % au gouvernement. Selon les statistiques révélées au cours de ce séminaire, « les institutions souveraines non élues jouissent d'un taux de confiance beaucoup plus élevé ». En tant que telles, la police et l'armée bénéficient de la plus grande confiance des personnes interrogées, respectivement avec un taux de 78 % et de 83,3 %. Toujours est-il que le niveau de confiance est relativement faible par rapport au système judiciaire (environ 41 %).