Le constat n'est pas une nouveauté : la confiance des Marocains dans les institutions élues est toujours aussi faible. Environ deux tiers d'entre eux n'ont pas l'intention de passer aux urnes aux prochaines élections. C'est la principale conclusion tirée de la deuxième édition de l'Indice de confiance 2021 (Trust Index), de l'Institut marocain d'analyse des politiques (Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA)), fraîchement publiée. Intitulée : « La crise comme occasion de renforcer la confiance », l'enquête montre, en effet, que 74% des Marocains ne font pas confiance aux partis politiques, et 70% au parlement. Menée auprès de 1400 personnes, âgées de 18 ans et plus, entre le 15 juillet et le 31 août 2020, l'enquête révèle aussi qu'il y a une très faible implication des Marocains dans la politique formelle puisque 98% d'entre eux ont déclaré qu'ils n'adhèrent à aucun parti politique, seuls 18% ont déclaré avoir voté aux dernières élections, 32% envisagent de voter aux prochaines élections (en 2021), tandis que 64% ne comptent pas le faire. Sentiment de sûreté et de sécurité Les Marocains ressentent, par contre, un sentiment de sûreté et de sécurité. Pour eux, ces deux institutions sont les plus fiables. En effet, 86% d'entre eux ont exprimé leur confiance vis-à-vis de la police (contre 78% l'an dernier) et 89% pour ce qui concerne les forces armées (contre 83,3% l'an dernier). La confiance est également élevée dans le pouvoir judiciaire (61%). Quant à la participation à la sphère politique et publique, environ 36% des Marocains ont déclaré suivre la politique avec intérêt, et 46% ont déclaré ne pas la suivre du tout. S'agissant des méthodes non traditionnelles de participation politique, telles que le boycott économique, la pétition ou le partage de contenu politique sur les réseaux sociaux, 20% ont déclaré avoir déjà participé à une manifestation, 12% ont participé à la signature d'une pétition, 39% ont déclaré avoir participé à un boycott économique, 19% ont participé à un boycott électoral et 11% ont déclaré avoir déjà partagé du contenu politique sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est du respect des droits de l'Homme, 50% des personnes interrogées disent qu'ils sont moyennement respectés au Maroc, 31% disent qu'ils sont peu respectés et 14% déclarent qu'ils ne le sont pas du tout. De l'autre côté, 5% ont déclaré qu'il y avait un grand respect des droits de l'Homme au Maroc. En ce qui concerne les priorités sur lesquelles le gouvernement devrait se concentrer au cours des 10 prochaines années, la santé et l'éducation sont les deux premières. En plus des préférences, 56% des répondants ont choisi l'accès à de meilleurs services de santé, suivi de l'éducation comme deuxième priorité pour les Marocains, à un taux de 56%. Les Marocains ne font confiance qu'à leur famille Il ressort également de l'enquête que 60% des Marocains se font confiance, alors que 61% des répondants ont déclaré qu'ils font assez confiance aux autres. Les Marocains semblent ne faire confiance qu'à leur famille : 99% des répondants ont affirmé faire confiance à leur famille nucléaire et 85% ont déclaré faire confiance à leur famille élargie. De plus, 72% des répondants disent ne pas faire confiance aux personnes qu'ils rencontrent pour la première fois, 67% d'entre eux ne font pas confiance aux personnes d'autres religions, 64% ne font pas confiance aux personnes d'autres nationalités, 45% ne font pas confiance à leurs voisins et 37 % ne font pas confiance à leurs amis. En ce qui concerne les liens d'amitié avec des étrangers, l'enquête montre, entre autres, que 71% des Marocains ne craignent pas d'avoir des amis d'une religion différente. Quant à leur identité marocaine, 65% des sondés se disent très fiers d'être Marocains, 26% se disent assez fiers de cela, et 7% déclarent ne pas être fiers d'être Marocains. Très faible satisfaction dans le secteur de la Santé S'agissant de la confiance dans les secteurs de la Santé et de l'Education, 65% des répondants à cette enquête sont satisfaits de la qualité de l'enseignement public au Maroc et 64% sont satisfaits de la qualité de l'enseignement privé. De plus, 12% se disent très satisfaits de la qualité de l'enseignement public, tandis que 19% se disent très satisfaits de la qualité de l'enseignement privé. En outre, 8% ont déclaré ne pas du tout faire confiance à l'école publique, tandis que 5% ont déclaré ne pas faire du tout confiance à l'école privée. A l'égard des services du secteur de la Santé, l'enquête de MIPA montre que la satisfaction est très faible par rapport à celle du secteur de l'Education. 41% ont exprimé leur satisfaction à l'égard du secteur de la Santé publique (38% sont satisfaits et 3% sont très satisfaits), tandis que 59% ont exprimé leur insatisfaction (28% ne sont pas satisfaits du tout et 31% ne sont pas satisfaits). La corruption très répandue dans le secteur de la Santé publique En ce qui concerne la lutte contre la corruption, seuls 35% des Marocains sont satisfaits des efforts du gouvernement. La moitié des personnes sondées (52%) estiment que le gouvernement tente de lutter contre la corruption, mais qu'il est incapable de faire mieux. «Cela se reflète dans la perception des citoyens de la corruption et du favoritisme dans les secteurs de l'Education et de la Santé, le secteur de la Santé étant le plus important en termes de perception de la corruption », soulignent les auteurs de l'étude. Par secteur, 87% des personnes interrogées ont déclaré que la corruption est répandue dans le secteur de la Santé publique (58% ont déclaré qu'elle était très répandue et 29% ont déclaré qu'elle était répandue). Par ailleurs, 55% estiment que la corruption et le favoritisme sont répandus dans le secteur privé de la Santé (19 % ont dit qu'ils sont très répandus, et 36% ont dit qu'ils sont répandus). Le secteur de l'Education a également des niveaux élevés de perception de la corruption. 48% des sondés pensent que la corruption et le favoritisme sont répandus dans le secteur public de l'Education (20% pensent qu'ils sont très répandus et 28% pensent qu'ils sont répandus). Selon MIPA, l'Indice de confiance 2021 vise à fournir une plateforme de débat public sur la question de la confiance dans les institutions au Maroc et à faire des recommandations et des propositions aux décideurs afin de renforcer la confiance institutionnelle. Le rapport s'adresse principalement aux décideurs politiques, aux organisations de la société civile, aux universitaires et aux journalistes, en les associant aux différentes étapes du projet depuis son lancement, ajoute le think tank, basé à Rabat. «2021 ne sera pas l'année du boom du taux de participation aux élections » « Sachant que le taux de participation n'obéit pas à une trajectoire linéaire et que sa courbe d'évolution dépend de l'enjeu du futur scrutin, tous les acteurs devront absolument se réinventer pour faire face à l'abstentionnisme ». C'est ce qu'a déclaré le politologue Mohamed Tozy, le mois de novembre 2020, à notre confère média24. « S'il n'est pas impossible que le Maroc puisse faire gagner 1 ou 2 points au taux de participation des scrutins de 2021, tout devrait se jouer sur la capacité des acteurs politiques à mobiliser les électeurs, en particulier les abstentionnistes », a-t-il souligné. « En réalité, le changement sera certainement progressif et il faudra plusieurs générations avant que le taux de la participation électorale ne s'améliore véritablement et ne se stabilise durablement », a ajouté M. Tozy. Repères Quid de l'avenir ? L'étude de MIPA montre que les personnes interrogées ont exprimé leur mécontentement continu face à l'orientation générale du Maroc, 70% d'entre eux exprimant leur inquiétude quant à la tendance générale du pays. Cela révèle une fois de plus un haut degré de suspicion et d'inquiétude chez les Marocains quant à l'avenir. En fait, 65% des Marocains ont exprimé leur mécontentement face à la situation économique contre environ la moitié de l'échantillon l'année dernière. Quant aux efforts du gouvernement pour contrer l'impact du Coronavirus, les participants ont été divisés en deux parties à peu près égales; la première a exprimé sa satisfaction des efforts du gouvernement, tandis que l'autre a exprimé son mécontentement face aux efforts consentis à cet égard. De plus, 18% ont déclaré qu'ils n'étaient pas du tout satisfaits de ces efforts. Aspirations des Marocains lors des prochaines élections 83% des Marocains désirent améliorer le secteur de l'éducation avec toutes ses composantes, 79% désirent voir le système de santé s'améliorer, et 77,6% aspirent à améliorer les conditions de vie des citoyens et à lutter contre la précarité et la pauvreté. C'est ce qui se dégage des derniers résultats du sondage effectué par l'Institut d'Etudes Sociales et Médiatiques (IESM). Il en ressort aussi que 74,4% des sondés ont appelé à la création de nouvelles opportunités d'emploi, 68% ont exprimé leur aspiration à améliorer les revenus des familles. 64% ont exprimé, par ailleurs, leur aspiration à améliorer le climat des libertés. Soit le même pourcentage de personnes qui ont appelé à promouvoir les conditions des jeunes et à soutenir les talents créatifs dans divers domaines tels que le sport, la créativité et la science.