Les algériens les plus avertis en sont convaincus. Les militants du Hirak encore plus. La junte militaire, qui a confisqué la révolution et ruiné les espérances, ne peut se maintenir, de 1962 à ce jour, sans l'argument des ennemis qui menacent aux frontières du pays. Pour des militants ou journalistes comme Hicham Aboud et Amir DZ, la seule vraie cause des algériens qui vaille, c'est l'Algérie. Le reste n'est que manipulation ou tentative d'affaiblir le Hirak ou tout autre mouvement aspirant au changement. Une constante, l'ennemi est utilisé pour repousser à une date indéterminée toute démocratisation, développement ou construction réelle de l'Algérie ou du Maghreb. Vital et fonctionnel pour apaiser les tentions, il permet de réduire au silence toute contestation ou revendication. La mafia militaire a construit sa rhétorique sur ce qu'elle veut appeler « l'ennemi de l'ouest ». D'ailleurs la haine du Maroc est inscrite dans les manuels scolaires même. Comme si le terrorisme, fléau pourtant planétaire, n'était pas assez menaçant et le virus du Covid 19, pas assez ravageur. Rien de mieux que le Maroc pour remplir ce rôle pour la dictature algérienne. D'autant que la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara et l'annonce de la normalisation avec Israël rendent plus vendable cet « ennemi de l'ouest » renforcé par les USA et Israël, prêt à bondir sur la pauvre Algérie. La mafia peut alors piller les richesses, instituer la rente et nourrir et armer le Polisario à coup de milliards pendant que les algériens manquent de l'essentiel. Mauvaise gouvernance, corruption, dilapidation des biens publics, les algériens ne peuvent toujours pas profiter du potentiel énorme de leur pays. Fin sans doute du mythe des généraux solidaires des peuples, la junte ne tient compte ni des cris du peuple algérien ni de ses besoins. Les démocrates algériens et les acteurs du Hirak ne doivent pas ignorer que pour provoquer le changement, il faudrait aussi « priver d'ennemi » cette junte au pouvoir qui brise, depuis 58 ans, les rêves des peuples du Maghreb. Fin d'un mensonge, l'influent Amir DZ déconstruit déjà, avec beaucoup de perspicacité, les discours de la junte sur la solidarité avec le Polisario financé totalement, et depuis 45 ans, par l'argent du peuple algérien. Dans le marasme ambiant, une partie de l'élite pointe de plus en plus, et avec force, cette manipulation qui permettait à Al3issaba de noyer les mouvements de revendication du printemps berbère à ce jour, pour exploiter les richesses du pays sans partage.