Au moins 50 personnes, dont de nombreux enfants, ont été tuées dimanche lors d'un raid israélien à Cana, dans le sud du Liban. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis le début des affrontements, il y a 19 jours. Selon des responsables de la défense civile, 50 personnes qui s'étaient réfugiées dans un bâtiment qui s'est effondré ont été tuées. Les corps d'au moins 27 enfants ont été retrouvés dans les décombres, a précisé Abou Chadi Jradi, un de ces responsables. À lire aussi # Des manifestants pénètrent dans un bâtiment de l'ONU # Condoleezza Rice annule sa visite au Liban Notre dossier sur la crise au Proche-Orient Sur place, un journaliste de l'Associated Press a vu 20 corps, enveloppés dans des draps blancs. Cet immeuble de trois étages s'est effondré dans une zone résidentielle du village, situé à l'est de Tyr, au cours du raid effectué à 1h du matin (22h GMT). Des personnes âgées et des femmes figurent aussi au nombre des victimes. Aidés par des villageois, les sauveteurs creusaient à la main pour chercher les victimes. «Nous voulons que cela cesse», a lancé Mohammed Ismaïl, un villageois. «Que Dieu ait pitié des enfants. Ils étaient venus ici pour échapper aux combats. Ils frappent les enfants pour mettre les combattants à genoux». L'armée israélienne a fait savoir qu'elle avait visé Cana parce que des missiles ont été tirés à plusieurs reprises depuis cet endroit. «Nous visions des lanceurs qui tiraient des missiles», a affirmé le capitaine Jacob Dallal, un porte-parole de Tsahal. Il a ajouté que Tsahal avait lancé des prospectus sur Cana il y a plusieurs jours, demandant aux civils de quitter le village. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a déclaré que le village de Cana avait servi de base au Hezbollah pour tirer des centaines de roquettes sur Israël. «L'armée n'a pas reçu l'ordre de frapper des civils libanais», a-t-il toutefois affirmé, selon un responsable qui participait à la réunion du cabinet dimanche matin. Condoleezza Rice, qui se trouvait aussi à Jérusalem, s'est dit «profondément attristée par la terrible perte de vies innocentes» au Liban, mais elle n'a pas appelé à un cessez-le-feu immédiat. «Nous faisons de gros efforts pour mettre fin de manière urgente aux hostilités actuelles, mais les visions des parties sur la manière d'y parvenir sont différentes», a-t-elle expliqué. «Nous voulons un cessez-le-feu dès que possible», a-t-elle ajouté, en précisant qu'elle travaillait avec toutes les parties pour essayer de faire cesser les violences. À Amman, le roi Abdallah II de Jordanie a accusé Israël d'«agression criminelle» après le drame de Cana, ont annoncé ses services. À Castel Gandolfo, depuis sa résidence d'été près de Rome, le pape Benoît XVI a appelé pour sa part à un cessez-le-feu immédiat au Proche-Orient. À Paris, le président français Jacques Chirac «a pris connaissance avec consternation de l'acte de violence qui a coûté la vie à de nombreuses victimes innocentes, notamment des femmes et des enfants à Cana cette nuit», a annoncé l'Elysée dans un communiqué. «La France condamne cette action injustifiable qui montre plus que jamais la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu immédiat sans lequel d'autres drames ne peuvent que se répéter«, précise le communiqué. Le long de la frontière, plusieurs zones sous contrôle du Hezbollah ont été pilonnées pendant la nuit par l'armée israélienne, selon des témoins. Parallèlement, la chaîne de télévision du Hezbollah al-Manar a annoncé que de violents combats avaient éclaté entre des miliciens et des soldats israéliens qui ont «infiltré» une zone proche de Taibeh, à trois ou quatre kilomètres de la frontière. D'après al-Manar, deux soldats israéliens ont été tués. Selon al-Manar, les affrontements se déroulaient à Kfar Kila, près de la ville de Marjayoun d'où les troupes israéliennes se sont retirées samedi après une semaine de combats. Al-Manar a aussi annoncé que le Hezbollah avait bombardé des avant-postes israéliens le long de la frontière. La milice aurait tiré au moins 47 roquettes dimanche sur le nord d'Israël, blessant légèrement dix civils. Selon Tsahal, des roquettes Katiouchas sont tombées sur Nahariya, Kiryat Shemona et une région proche de Maalot. Mais elles ont atterri sur des zones non habitées, et il n'y aurait pas eu de blessés.