Au terme de 38 jours de captivité, Eric Damfreville, le ressortissant français encore retenu en otage en Afghanistan, a été libéré vendredi après-midi à Kandahar, dans le sud du pays. Qari Yousef Ahmadi, porte-parole des talibans, a précisé à l'Associated Press que l'otage, employé de l'organisation humanitaire Terre d'Enfance, avait retrouvé la liberté à 17h30 locales dans le district de Mavand. D'abord transféré à des chefs tribaux, il a ensuite été remis dans la soirée à la Croix-Rouge. Le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Michael O'Brien, a confirmé l'information, tout comme le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy qui, depuis Paris, a indiqué qu'Eric Damfreville allait "regagner la France le plus tôt possible après un premier examen médical". M. Douste-Blazy a souhaité remercier "tous ceux qui ont contribué à sa libération, à Paris, à Kaboul mais aussi dans différentes capitales". Le président Jacques Chirac a lui aussi fait part de "ses vifs remerciements à l'égard de toutes celles et tous ceux qui ont contribué à sa libération", appelant à la libération de "tous les autres otages pour des raisons humanitaires". Eric Damfreville avait été enlevé le 3 avril dernier dans la province de Nimroz (sud-ouest) avec sa collègue française Céline Cordelier et trois accompagnateurs afghans. Les talibans, qui ont libéré la Française le 28 avril, exigeaient de la France qu'elle cesse de soutenir militairement le gouvernement afghan et demandaient le retrait de ses troupes d'Afghanistan, soit environ un millier d'hommes. Heureuse de la libération de son employé, Terre d'Enfance a déclaré y voir "une nouvelle étape vers la libération attendue de toute l'équipe", ajoutant que "notre soulagement ne sera complet que lorsque Rasul, Azrat, et Hashim seront libres à leur tour et auront rejoint leurs familles". Le chef de la diplomatie française a assuré que les autorités françaises restaient "fortement mobilisées pour obtenir la libération sains et saufs des trois autres otages afghans". Qari Yousef Ahmadi a expliqué à l'Associated Press que la décision de libérer le deuxième otage français avait été prise en coordination avec les chefs tribaux, sur la base de déclarations de Nicolas Sarkozy, élu dimanche à la présidence de la République française. Peu avant son élection, M. Sarkozy avait notamment affirmé qu'il "poursuivrait" le retrait des troupes françaises d'Afghanistan s'il était élu à l'Elysée. "Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme, mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive", avait-il déclaré sur France-2. "Les talibans attendent du président français qu'il tienne cette promesse", a noté vendredi le porte-parole de la milice fondamentaliste. "A l'avenir, les talibans veulent avoir de bonnes relations avec le gouvernement et le peuple français." A la veille du second tour de l'élection présidentielle en France, les ravisseurs avaient décidé de repousser leur ultimatum de 24 heures "à la demande du peuple français". Lundi, au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy, ils avaient fait savoir par leur porte-parole qu'un conseil taliban se réunirait "bientôt" pour prendre la décision finale concernant l'humanitaire français et les trois Afghans. AP