Céline, l'une des deux Français retenus en otages, a été libérée samedi par les talibans. On ignorait cependant le sort d'Eric, l'autre Français qui travaillait pour l'organisation humanitaire Terre d'Enfance, et de leurs trois collègues afghans, enlevés avec eux le 3 avril. La Française a exhorté ses anciens geôliers à relâcher ses camarades d'infortune. "S'il vous plaît, libérez-les", a-t-elle supplié, en larmes, devant les journalistes rassemblés à l'ambassade de France à Kaboul. "Eric est comme moi, en Afghanistan comme ami (...), et Hashim, Rasul et Azrat sont Afghans. Ils sont musulmans (...) Ils ont des enfants qui les attendent", a-t-elle insisté, "montrez au monde que vous ne vous trompez pas d'ennemi!" Céline a affirmé que ses ravisseurs l'avait "traitée avec respect". Dans un communiqué diffusé sur leur site Internet, les "moudjahidine de l'émirat islamique" d'Afghanistan précisent que la ressortissante française enlevée avec ses collègues dans la province de Nimroz (sud-ouest) a été libérée dans la province de Kandahar. Selon Qari Youssef Ahmadi, porte-parole des talibans, Céline a été remise à des chefs tribaux dans la province de Kandahar, samedi, date-limite de l'ultimatum lancé par la milice islamiste à la France. La Croix-Rouge l'a mise dans un avion à l'aéroport de Kandahar, a confirmé sur France-Info Frédéric Joli, délégué du CICR. "J'espère qu'elle pourra arriver en France dès que possible, en fonction de son état physique et moral", déclarait à la presse Antoine Vuillaume, président de Terre d'Enfance, devant le ministère des Affaires étrangères où il venait d'être reçu par Philippe Douste-Blazy. "Elle est très fatiguée, très éprouvée." Dans un communiqué, le président Jacques Chirac s'est réjoui de la libération de la ressortissante française, en ajoutant que "tous doivent maintenant redoubler d'efforts pour obtenir celle des autres otages dans la plus grande discrétion". "Nous appelons à nouveau les ravisseurs à laisser la vie sauve à Eric, Rasul, Hashim et Azrat", écrit Terre d'Enfance sur la page d'accueil de son site Internet. "Nous demandons aux autorités afghanes et françaises de poursuivre les efforts engagés et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir leur libération." Dans un entretien téléphonique avec l'Associated Press, Qari Youssef Ahmadi, porte-parole des talibans, a réitéré les exigences de sa milice pour libérer les autres otages. "Le gouvernement français doit cesser de soutenir militairement le gouvernement afghan et les forces françaises doivent quitter l'Afghanistan", a-t-il dit. "Quand le gouvernement français aura retiré ses forces de notre pays, alors nous négocierons la libération de cet homme français ainsi que celle des trois Afghans." Dans le communiqué diffusé sur leur site Web, les "moudjahidine de l'émirat islamique" d'Afghanistan précisent qu'ils ont remis à Céline "un message écrit pour le peuple et le gouvernement de la France" et qu'ils souhaitent en la libérant faire mentir ceux qui affirment que les talibans "n'ont aucun respect pour les droits des femmes". "Nous savons qu'une élection a commencé en France et que tous sont très occupés parce que nous leur avons donné une semaine pour (...) retirer leurs soldats d'Afghanistan ou répondre sur un échange de prisonniers", peut-on aussi lire dans le communiqué diffusé en ligne. Dans une réponse indirecte à ces exigences exprimées dès la semaine dernière, Philippe Douste-Blazy avait souligné vendredi que la France n'avait "pas vocation à rester en Afghanistan".