Selon le Figaro,dans son édition de lundi, le quotidien britannique The Times affirme que Paris, Berlin et Londres ont accepté de payer au total 45 millions de dollars (35 millions d'euros) pour obtenir la libération de leurs otages en Irak. 45 millions de dollars. Selon le quotidien britannique The Times, c'est la somme qu'auraient versé la France, l'Allemagne et l'Italie pour obtenir la libération de neuf de leurs ressortissants détenus en Irak. Paris a immédiatement démenti ces informations : « Comme les autorités françaises l'avaient indiqué au moment de la libération des otages, il n'y a pas eu paiement de rançon », a déclaré lundi matin le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, estime que ce démenti est un « déni de réalité », tout en disant « comprendre que les autorités le fassent ». « Il est évident que dans une libération d'otages, il y a des contreparties qui sont données, explique-t-il. Parmi ces contreparties, il peut y avoir - et il y a la plupart du temps - un volet financier. » Rome a également nié ces informations : « Le gouvernement italien n'a payé aucune rançon », a déclaré le ministère des Affaires étrangères. Le démenti de Berlin devrait suivre, l'Allemagne ayant toujours nié avoir versé des rançons. Documents détenus par des « responsables de la sécurité » Le Times dit s'appuyer sur des documents détenus par des « responsables de la sécurité à Bagdad » qui ont « joué un rôle crucial dans les négociations » pour la libération des otages occidentaux en Irak. Selon le journal, ces documents ont provoqué « la colère de plusieurs diplomates occidentaux » qui estiment que le paiement de rançons « encourage le crime organisé à multiplier les prises d'otages ». Selon le quotidien, l'Italie aurait payé 11 millions de dollars pour les libérations de la journaliste Giuliana Sgrena en mars 2005 (6 millions) et des humanitaires Simona Pari et Simona Torretta en septembre 2004 (5 millions). Quant à l'Allemagne, elle aurait versé 8 millions de dollars pour la libération de René Bräunlich et Thomas Nitzschke début mai (5 millions) ainsi que celle de l'archéologue Susanne Osthoff (3 millions) en novembre 2005. Après la libération des deux ingénieurs allemands, la chaîne ARD avait déjà affirmé que Berlin avait payé plus de 10 millions de dollars de rançon à leurs ravisseurs. Une information appuyée par les déclarations de l'ambassadeur irakien en Allemagne, cité par le Times, selon lequel Berlin aurait versé « une somme importante » pour leur libération après 99 jours de captivité. Côté italien, La Repubblica citait, en janvier dernier, un rapport officiel selon lequel Rome avait versé plusieurs millions de dollars de rançon pour la libération de ses otages en Irak. Liam Fox, membre de l'opposition britannique chargé des questions de défense, a demandé dimanche soir la « fin immédiate de ces pratiques ». « L'idée que des gouvernements occidentaux ont payé des rançons est très dérangeante », a-t-il déclaré au quotidien. « Il est fondamental que les gouvernements ne cèdent pas au chantage des terroristes ou des criminels », a-t-il ajouté. Pas de rançon pour la Grande-Bretagne Toujours selon le quotidien, la Grande-Bretagne n'aurait pas versé de rançons aux ravisseurs de Kenneth Bigley et Margaret Hassan, deux Britanniques assassinés après leur enlèvement à l'automne 2004. Londres aurait en revanche payé des « intermédiaires » pour établir le contact avec leurs ravisseurs. Le journal souligne que les autorités britanniques ont également été critiquées pour avoir accordé aux ravisseurs de Norman Kember le temps de s'enfuir avant de lancer l'opération militaire qui a permis sa libération en mars dernier. Le Times rappelle que plus de 250 étrangers ont été pris en otage depuis l'invasion américaine en 2003. Au moins 44 d'entre eux ont été tués, 135 ont été relâchés, trois se sont échappés et six ont été sauvés. Quant aux autres, leur sort est toujours inconnu.