Dans son premier album solo qui sort lundi, l'ex chanteur de NTM réadapte Brassens et Moustaki mais n'a rien perdu de sa verve militante. Délaissant la provocation, il est aujourd'hui plus engagé dans la vie publique. "Gare au goriiiiille..." : le fameux tube de Georges Brassens revisité par Joey Starr ? Improbable, mais vrai. Dans un album solo (qui sort lundi), intitulé non sans référence "Gare au jaguarr", la Star(r) du rap, moins virulent mais toujours aussi revendicateur, délaisse à 39 ans et huit ans après la séparation de son groupe NTM sa réputation de bad boy pour se tourner vers les grands classiques de la chanson française : Georges Brassens et Georges Moustaki, dont il adapte "Le Métèque". Dans un premier temps, Didier Morville allias Joey Starr avait renoncé à inclure dans l'album la reprise du "Gorille" à laquelle s'opposaient les ayants-droit de Brassens. Ce titre ne figurait d'ailleurs pas sur les exemplaires envoyés à la presse en septembre. "J'ai interverti les personnages : le gorille par un jaguar (l'un de ses surnom, ndlr), la centenaire par une hôtesse de l'air (Joey Starr avait été condamné en 1999 pour avoir agressé une hôtesse de l'air, ndlr). Mais ça a moyennement plu" aux ayants-droit de Brassens, avait alors expliqué le chanteur, avant de se raviser avec sa maison de disques Sony-BMG. Toujours militant Quant au "Métèque" de Moustaki : "Quand j'étais jeune, mon père écoutait plein de trucs, dont ça, et à l'époque ça me passait un peu au-dessus de la tête", se souvient Joey Starr, lui-même jeune père. "Il y a cinq-six ans, j'ai réécouté ça avec une sensibilité différente puisque j'écris des lyrics (paroles) aujourd'hui. Le propre d'une belle chanson, c'est de traverser les décennies et je crois que Le Métèque (1969) y arrive très bien. Si elle avait été écrite aujourd'hui, avec les mêmes mots, elle aurait été très représentative de son époque." Sa version du Métèque s'ouvre d'ailleurs par la voix de Moustaki : "Avec ma gueule de métèque/Ma ganache de nègre errant/Toujours aussi réfractaire/A vouloir rentrer dans l'rang". Outre ces brins de nostalgie, Joey Starr, qui s'inspire aussi de sons rock ou caribéens, n'abandonne pas son militantisme. Au programme : les émeutes de 2005 -durant lesquelles il a d'ailleurs enregistré son album- et le devoir d'aller voter, la politique d'immigration de Nicolas Sarkozy ou la mémoire coloniale de la France. Ce militantisme "est une continuité, ça a toujours été l'essence de ma musique", assure-t-il mais il est accompagné désormais d'actes. En MP3 et USB En septembre, il était allé à Cachan soutenir les ex-squatteurs. En décembre 2005, après les émeutes, il s'était rendu à Clichy-sous-Bois avec le collectif Devoirs de mémoires pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Car "c'est bien beau d'écrire, mais tant qu'on va pas sur le terrain, on n'en a pas la teneur organique". Les chansons de son album, ponctuées de "Tout le monde connaît le pedigree quand Sarko veut nous karcheriser" ou "Brûlons chaque fourgon où les fachos s'abritent", sont d'ailleurs entrecoupées d'intermèdes comme celui d'Olivier Besancenot dénonçant les "violences policières à caractère raciste". Dernière originalité de cet album : il est vendu sous la forme classique du CD, mais aussi en lecteur MP3 et en clé USB. Joey Starr se produira à L'Olympia le 23 octobre, avant une tournée.