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Enseignement français au Maroc : L'écart se creuse entre Français et Marocains
Publié dans Yabiladi le 06 - 04 - 2012

Manifestation devant le lycée français de Casablanca. Les frais de scolarité ont connu en quelques années une augmentation vertigineuse au Maroc, même si, sur la même période, l'Etat prenait en charge les frais de scolarité des classes de lycée. Problème : les Marocains payent beaucoup plus que les Français, mais ne bénéficient pas de la gratuité.
Vendredi 30 mars, une manifestation a été organisée, par l'Association des Parents d'Elèves des Etablissements Publics français au Maroc (APEEP), devant le lycée Lyautey de Casablanca. En cause, l'élargissement du paiement des droits annuels d'inscription (DAI), instaurés en 2010/2011, à tous les enfants inscrits dans les réseaux des écoles publiques françaises au Maroc. «L'Agence de Enseignement Français à l'Etranger (AEFE) vient de mettre fin à son engagement d'avril 2009 de ne pas faire peser trop de charges sur les élèves déjà scolarisés dans le réseau et de reporter davantage cette charge sur le nouveaux entrants», explique l'APEEP dans une pétition. Depuis plusieurs années, la scolarité dans les établissements français du Maroc devient de plus en plus chère quelle que soit la nationalité des enfants, mais l'augmentation ne pèse pas de la même façon sur chacun.
Dès l'origine, les frais de scolarité des Marocains sont plus élevés de près de 10 000DH par an que ceux appliqués aux Français. Une politique adoptée par la France pour le monde entier : elle offre une scolarité, dans ses établissement, plus chères pour les habitants du pays que pour les Français et encore plus chères pour les enfants d'autres nationalités.
+10 000DH pour les Marocains
Les augmentations des frais de scolarité, au sens strict, entre l'année scolaire 2009/2010 et 2010/2011 ont eu tendance, en moyenne, à creuser cet écart. Par exemple, l'augmentation était de 5,33% en maternelle pour les enfants français, contre 5,40% pour les enfants marocains. L'an dernier et dans les projections présentées par l'AEFE aux parents d'élèves pour 2018, toutefois, cet écart a tendance à se réduire, excepté pour les élèves du collège.
Les augmentations successives, plus de 40,5 % selon l'APEEP, en trois ans, sont liées aux nouvelles charges adjointes à l'AEFE par le gouvernement de Nicolas Sarkozy - notamment la gestion de l'immobilier et une partie des enseignants - qui n'a pas augmenté le budget de l'agence en proportion. Elles pèsent sur tous les élèves, tandisque l'exonération des droits de scolarité au lycée ne s'appliquent qu'aux élèves français.
En 2007, Nicolas Sarkozy a fait voter la Prise En Charge (la PEC) par l'Etat des droits de scolarité pour les élèves français de terminale des lycées français de l'étranger. Idem pour les élèves français de première et de seconde, en 2008 puis 2009. Les 32 millions nécessaires à cette mesure ont été pris sur le budget général de l'Etat et non sur celui de l'AEFE. Dans la loi de finances 2011, cette gratuité a été plafonnée, toutefois, au niveau des frais de scolarité de l'année 2007/2008 et une mission sénatoriale propose également de conditionner cette exonération aux revenus des familles.
Marocains : Ni bourse, ni gratuité
Aujourd'hui, à l'aube de l'élection présidentielle, et alors que cette année, pour la première fois, les Français de l'étranger pourront élire des députés à l'Assemblée nationale, l'UMP veut aller plus loin. Dans une forme de nationalisme transfrontalier, Khadija Doukkali, candidate UMP aux législatives, affirme que «la gratuité de l'enseignement des Français de l'étranger doit non seulement être maintenue mais aussi accrue à l'ensemble du dispositif du primaire au secondaire, des classes maternelle à la terminale.» «L'UMP estime que les Français de l'étranger doivent être traités de la même façon que les Français de France», explique Thierry Plantevin, conseiller UMP, élu à l'Assemblée des Français de l'étranger.
Un syndicaliste de l'enseignement français à l'étranger, resté anonyme, s'alarme. «Les tarifs deviennent de plus en plus exorbitants pour les Marocains aux revenus moyens, or ils n'ont quasiment aucun moyen pour réintégrer le système scolaire marocain quand ils sont passés par chez nous. Dans les établissements français, le niveau d'arabe est mauvais et la logique de l'enseignement prépare les élèves à des études supérieures en France», explique-t-il.
Cette situation pourrait devenir problématique puisque parallèlement, pour la première fois, le nombre de Français dans ces établissements a dépassé celui des Marocains, en contradiction avec l'accord de coopération signé entre la France et le Maroc. 600 nouveaux Français, dont un bon nombre de binationaux, sont arrivés dans les établissements français en trois ans pour un total de 29 000 élèves dans tous le Maroc. MRE vs Marocains ?


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