L'approche sécuritaire du gouvernement Benkirane à l'égard des mouvements de contestations sociaux ne fait pas l'unanimité chez les députés. A la commission de ministre de l'Intérieur, Mohand Laenser a subi une salve de critiques contre la gestion de l'exécutif des malaises sociaux survenus à Taza, Beni Mellal, Beni Bouyache, Imzouren et tout récemment à Boukidane dans la province d'Al Hoceima. Le premier coup de semonce a été tiré par Ahmed Zaidi, le président du groupe socialiste (opposition) à la 1er Chambre, qui a qualifié le recours à la manière forte pour réprimer les manifestations à Beni Bouyache de «non-productif et ne contribuera pas à la résolution du problème», rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du samedi. Zaidi a exhorté le gouvernement Benkirane a «répondre aux doléances sociales des manifestants, la solution idoine à même de mettre un terme aux confrontations». Même son de cloche chez Abdellatif Ouahbi. Le président du groupe parlementaire du PAM (opposition) a estimé que l'approche sécuritaire du cabinet Benkirane tranche complètement avec «les déclarations de responsables gouvernementaux sur le recours au dialogue avec les manifestants et de répondre à certaines de leurs revendications». Au cours de la réunion de la Commission de l'Intérieur à la Chambre des représentants, les députés du PJD ont pris leur distance avec la ligne prônée avec le gouvernement. Une première. Khalfi dans le rôle de sapeur-pompier La réponse du gouvernement n'a nullement apporté du nouveau. Le ministre de l'Intérieur, Mohaned Laenser, indiquant que «l'intervention des forces de l'ordre à Beni Bouyache a pour objectif d' instaurer la sécurité, protéger les citoyens et garantir les droits des habitants». Des propos parfaitement en phase avec la première sortie de Mustapha Ramid à la 1ère Chambre. Lors de la session des questions orales du 13 février, le ministre de la Justice et des Libertés, soutenait que «La culture de la contestation pacifique a cédé la place à la contestation violente. La violence contre la propriété publique ou contre l'intégrité physique nous interpelle tous, gouvernement, opposition et tous les citoyens». Le ministre PJDiste mettait en garde toute la classe politique contre ce qu'il qualifiait de «Fitna». Des déclarations en réponse à une question sur les incidents de Taza du 4 février 2012. Contrairement à ce ton ferme des titulaires des départements de l'Intérieur et de la Justice, Mustapha Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, joue plutôt la modération. Jeudi lors d'un point de presse, il a souligné que l'exécutif «tient au respect de la loi. Il œuvre également pour le renforcement du dialogue avec la société civile, les élus et les autorités locales afin de trouver des solutions aux problèmes sociaux que connaît la région». Et de promettre que son gouvernement compte «répondre favorablement aux revendications» des habitants de Beni Bouyache. Des promesses qui n'engagent que ceux qui y croient. Et pour cause, au même moment que le ministre donnait sa conférence de presse, les forces de l'ordre investissaient un collège à Imzouren. Un passage qui a fait des blessés parmi les élèves et du matériel détruit.