A l'affut d'informations dénigrant le pays voisin, la MAP et l'APS ont repris leur guerre cette semaine en reprenant un appel d'Amnesty International pour libérer les prisonniers d'opinion en ces temps de pandémie du nouveau coronavirus. Amnesty International a exhorté, mardi, certains pays à libérer urgemment leurs prisonniers, alors que le monde fait face à la pandémie du nouveau coronavirus. Des appels qui ont fait les choux gras des agences de presse officielles de l'Algérie et du Maroc, donnant lieu à un énième épisode de tirs croisés entre l'APS et la MAP. Ainsi, sans s'intéresser à la note adressée au Maroc, l'agence officielle du royaume a relayé, mardi, l'appel d'Amnesty concernant le voisin de l'Est. Intitulée «Amnesty International appelle l'Algérie à libérer "immédiatement les prisonniers d'opinion"», la dépêche de la MAP fait un focus sur l'état de santé de Karim Tabou, politique et figure de proue du Hirak algérien. L'agence marocaine rappelle qu'Amnesty «a dénoncé le fait de n'autoriser ce chef du Parti de l'Union démocratique et sociale, isolé depuis six mois à l'intérieur de la prison, c'est-à-dire depuis le 12 septembre 2019, qu'à quitter sa cellule pendant une heure par jour, et de l'empêcher de parler à d'autres détenus». Et la MAP de conclure : «Elle a souligné que cette situation persiste malgré son état de santé inquiétant, ce qui a incité un groupe de médecins algériens à publier une déclaration publique mettant en garde contre les dangers de le garder en prison». L'APS répond à la MAP : une pièce dans le jukebox La réponse de l'APS à la MAP n'a pas tardé. Mercredi, l'agence algérienne de presse a publié une dépêche pour reprendre, elle aussi, l'appel d'Amnesty International en titrant : «Amnesty International demande au Maroc de libérer les prisonniers d'opinion "en toute urgence et sans condition"». Elle relaye, en complément, un communiqué conjoint de Human Rights Watch et l'Association marocaine des droits humains (AMDH) sur cette question, dans lequel les deux associations «estiment que les autorités marocaines visent ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour exprimer leurs opinion politique, avec une campagne frénétique pour réimposer les lignes rouges». Les hostilités médiatiques entre le Maroc et l'Algérie, sur des sujets comme le Sahara occidental ou les droits humains sont monnaie courante. L'année dernière, et après plusieurs mois d'accalmie, les deux agences de presse avaient dégainé leurs plumes pour alimenter la controverse à propos de l'accord de pêche Maroc-Union européenne. Une analyse, faite par l'APS, d'un communiqué du conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI, a sorti la MAP de ses gonds, dénonçant une dépêche «truffée de contre-vérités».