Les ports de la région Doukkala-Abda connaissent d'importants changement ces dernières années. Safi a perdu ses ressources en poisson et en particulier en sardines, son industrie de conditionnement périclite. Le port se tourne donc vers l'industrie chimique, tandisque El Jadida exploite les algues et les envoit pour être conditionnées à Kenitra. Jusqu'aux années 50 et 60, la boîte de sardine de Safi était mondialement connue. Depuis les années 1970, les prises n'ont jamais cessé de diminuer. Les chiffres que cite Mohamed Lemrabet, du Centre Régional d'Investissement (CRI) de Safi, sont impressionnants : «il y a eu un maximum de 107 unités de conditionnement de poisson à Safi, mais aujourd'hui, seules 14 à 18 d'entre elles sont opérationnelles. Il y a eu surexploitation, et en plus de cela, des rejets dans la mer [notamment de l'usine de phosphates à Safi, ndlr] ont engendré un changement dans l'écosystème marin, la température a augmenté devant la côte de Safi. Par conséquent, les poissons, surtout les sardines, ont migré vers le sud, vers Dakhla», devenu le premier port de pêche marocain. A Safi, l'avenir du port est dorénavant davantage lié à l'industrie chimique avec le phosphate et à la construction d'une nouvelle centrale thermique. Une partie du vieux port devrait être convertie en port de plaisance. A El Jadida, la situation se présente autrement. Bien qu'elle n'ait jamais été dotée d'un grand port de pêche, la ville a effectué une rénovation de fond en comble de ses installations, inaugurées fin janvier par le roi Mohammed VI. Mourad Lisser, délégué des Pêches maritimes à El Jadida, explique que «l'objectif est de rendre le port plus attractif pour de nouveaux armateurs», qui trouvent sur place «un équipement moderne, de nouveaux locaux, une halle aux poissons, une nouvelle glacière...» Le port reste toutefois un port de pêche artisanale. Aux poissons s'ajoute l'exploitation d'une autre ressource marine : l'algue rouge, de laquelle on extrait le gélifiant agar-agar (E406). Représentant environ 20% de la production annuelle du port d'El Jadida en 2011, son exploitation n'est pas sans poser problème. Sur toute la côte, de nombreuses personnes vont à la pêche aux algues, payées environ 2,50 DH le kilo, «mais rien n'est fait pour régénérer les algues», regrette Mohamed Lemrabet. A El Jadida, des efforts sont entrepris pour réglementer le secteur, notamment pour la traçabilité des algues. De plus, l'exportation à l'état brut des algues ne génère pas de valeur ajoutée. «Les licences à l'export d'algues brutes sont limitées», explique Mourad Lisser pour favoriser leur transformation sur place plus intéressante économiquement. «Seule 20% de la production nationale des algues brutes est autorisée à l'export», ajoute-t-il, pour que l'usine de transformation des algues à Kénitra, la seule au Maroc, puisse remplir ses capacités. Les pêcheurs qui ne peuvent vendre directement à l'étranger à cause du quotas des 20% sont obligés de vendre leur récolte à l'usine de transformation. Elle-même, peut ensuite vendre sa propre production plus chère à l'étranger, notamment au Japon.