Malgré le statu quo sur le volet agression sexuelle, les saisonnières marocaines continuent leur combat judiciaire sur le volet droit du travail. Elles ont en effet été entendues par un juge du tribunal des affaires sociales à Huelva en charge des conflits liés au travail. Les dix saisonnières marocaines qui se trouvent toujours en Espagne dans le cadre de l'affaire du Huelva Gate et leur avocate Belén Luján ne baissent pas les bras. La semaine dernière, un tribunal des affaires sociales à Huelva, qui s'occupe des conflits liés au travail, les a toutes entendues pour des faits datant de 2018. Dans une déclaration à Yabiladi ce mardi, Belén Luján a déclaré que «deux sessions consécutives ont eu lieu, lundi et mardi, au cours desquelles le juge a entendu les saisonnières». «La décision n'a pas encore été rendue», ajoute-t-elle. Pour l'avocate des saisonnières, «bien que l'examen des preuves présentées ait été accepté, il faut beaucoup de temps pour les examiner». De plus, «les dates fixées sont très éloignées, et la manière dont les tribunaux traitent l'affaire n'est pas satisfaisante», dénonce-t-elle, rapportant les difficultés qu'elle a rencontrées lors de son plaidoyer devant la justice espagnole. «Certains tribunaux ont refusé d'enquêter sur certaines plaintes des saisonnières marocaines ayant été renvoyées dans leur pays, tandis que d'autres ont classé les plaintes sans suite. De plus, les tribunaux des affaires sociales ne tiennent pas compte des preuves que nous avançons. La liste est encore longue, mais nous espérons que justice sera faite.» Belén Luján L'avocate inquiète quant à l'issue de l'affaire Pour sa part, l'une des saisonnières marocaines se trouvant toujours en Espagne nous a fait part de sa satisfaction suite aux audiences de la semaine dernière. «Mardi, le tribunal a mis à notre disposition un traducteur, contrairement aux autres cours de justice. Cela nous a encouragé à nous exprimer davantage et à parler des faits auxquels nous avons été exposés», ajoute-t-elle. «Le juge nous a écoutés et nous a donné le droit de parler», se réjouit-elle. La Marocaine ajoute que le tribunal a entendu les dix plaignantes et leur a demandé si elles avaient été en contact avant de venir travailler en Espagne. «Il voulait savoir si les conditions de travail avaient été remplies et si les promesses qui nous ont été présentées au début avaient été tenues», précise-t-elle. Le juge s'est aussi intéressé à la présence d'éléments de la Garde civile le jour de l'incident dans une ferme de l'entreprise Doñana 1998 d'Almont, en juin 2018. «Nous avons dit au juge que l'employeur savait que nous allions porter plainte contre lui le lendemain», ajoute-t-elle. Mais au-delà de la satisfaction des saisonnières, qui estiment qu'elles ont enfin été entendues comme il se doit, leur avocate considère que «cela ne veut rien dire» pour le déroulement du procès. «Un document a été soumis au tribunal, indiquant qu'il n'y a pas de contrat (que des imprimés sans signature) entre l'employeur et les saisonnières, ou de bulletins de paie. De plus, les saisonnières ne sont pas inscrites au registre de la sécurité sociale», regrette-telle. «Nous verrons la décision du juge», ajoute-t-elle avant d'assurer que la situation des saisonnières marocaines n'est «pas isolée». «Ce qui les distingue des autres, c'est qu'elles ont décidé de rompre leur silence et dénoncer ce qu'elles ont subi», conclut-elle.