Alors que l'Europe grelotte, le Maroc est loin d'être épargné par le froid. A Casablanca, les températures sont très basses certaines nuits. Des conditions difficiles pour des milliers de personnes sans domicile fixe vivant dans les rues de la métropole. A Casablanca, le Samu Social s'active depuis le début de l'hiver pour venir en aide aux Sans Domicile Fixe. Des maraudes sont organisées dans la ville pour aller à la rencontre de ces SDF, les inviter à venir dans le centre d'accueil pour avoir une douche ou un repas chaud, se faire ausculter par des médecins bénévoles ou pour leur distribuer des couvertures et des vêtements. En plus du Samu Social, d'autres associations anonymes et des bénévoles s'organisent cette saison pour récolter des dons et des vêtements auprès de particuliers. Dans un article, le Matin parle également de rondes effectuées par des équipes de la wilaya du Grand Casablanca composées d'agents de la police et des forces auxiliaires qui recueillent les sans-abri et les dirigent vers des centres d'accueil sociaux. Démission de la famille Néanmoins, le Samu Social se charge également de rechercher et prendre contact avec les familles des SDF pour qu'ils les réintègrent. Un travail long et difficile. «Au Maroc, toutes les personnes peuvent devenir SDF. Ici comme ailleurs, ce n'est pas un choix. Elles se retrouvent généralement dans la rue à cause de problèmes familiaux comme des divorces ou des violences au sein du noyau familial. Il y aussi certaines personnes qui ont été en prison et qui n'arrivent pas à se réinsérer dans la société ou qui sont rejetées par la famille par honte.», explique Miloudi el Bouazzaoui, assistant social et responsable du programme rue au sein du Samu Social. «Ce que nous avons remarqué ces dernières années, c'est que la famille démissionne de ses responsabilités. Les SDF n'ont pas rejeté la société, c'est la société qui les rejette», insiste-t-il. 2000 SDF à Casa Ils ne seraient pas plus de 2000 personnes, hommes, femmes et enfants à vivre dans les rues de la ville blanche, selon les estimations du Samu Social. 14% sont des mères célibataires, des fillettes victimes de violence ou des petites bonnes qui ont fugué. Difficile pour Miloudi el Bouazzaoui de donner un chiffre précis car le nombre de SDF évolue tout au long de l'année. Cela dépend du climat et de la saison. L'été par exemple, il y a plus de personnes à la rue que l'hiver. Par ailleurs, certains SDF peuvent quitter Casablanca pour aller vers une autre ville du royaume. Les lieux de squat changent et dépendent aussi de la saison. Durant l'été, les SDF vont dormir à la belle étoile dans les jardins publics, les plages ou les trottoirs des ruelles. Mais l'hiver, les SDF sont obligés de se trouver un toit et se dirigent souvent vers les villas ou bâtiments abandonnés. «Rien qu'à Casa-Anfa, on dénombre 50% de SDF qui s'installent dans cette préfecture car il y a des villas abandonnées mais aussi parce que les quartiers comme ceux du Maârif ou de Sidi Belyout connaissent beaucoup d'activités et concentrent des restaurants, leur permettant ainsi de trouver à manger», poursuit Miloudi El Bouazzaoui. Plus effrayant, selon les chiffres du Samu Social, près de la moitié des gens qui se retrouvent dans la rue, sont des mineurs, garçons comme filles. Ces derniers ont fui le foyer familial suite à des violences, remariage de l'un de leur parent ou suite à un échec scolaire. Mais pas seulement. Miloudi el Bouazzaoui évoque certains enfants qui assistent à des matchs de football mais qui, le soir, n'ont pas d'argent pour rentrer chez eux. Ils se retrouvent donc dans la rue, de peur que leurs parents ne les disputent. Depuis le début de l'hiver, aucun SDF n'est décédé de froid dans les rues de Casablanca, d'après Miloudi El Bouazzaoui. Il évoque des personnes âgées SDF qui ont été paralysées ou des personnes qui sont atteintes de tuberculose et de maladies hivernales diverses.