L'annonce du démantèlement d'une cellule d'extrême droite qui voulait viser des mosquées et des musulmans, à l'exemple du double attentat de Chrischurch en Nouvelle-Zélande, continue d'inquiéter les musulmans d'Allemagne. Mohammed Assila et Abdessamad El Yazidi reviennent pour Yabiladi sur le ressenti et les revendications de cette commuanuté. La semaine dernière, douze membres d'un groupuscule d'extrême droite ont été arrêtés dans toute l'Allemagne. Ils ont été placés en détention car ils sont soupçonnés d'avoir préparé des attentats visant notamment les musulmans et les lieux de culte dans ce pays. Ils sont suspectés d'avoir voulu viser au moins six lieux de culte musulmans pendant la prière, selon l'Agence France-Presse. L'annonce de ce démantèlement a choqué et inquiété les musulmans d'Allemagne et les membres de la communauté marocaine établis dans ce pays. Contacté par Yabiladi ce mercredi, Mohammed Assila, expert marocain dans l'enseignement des préceptes de l'islam en Allemagne, exprime sa surprise et celle de la communauté musulmane, d'apprendre ces nouvelles. «Les autorités allemandes sont appelées à l'ouverture d'une enquête profonde. Nous ne voulons pas n'avoir que des réactions en attendant le pire mais des actions proactives pour préserver et protéger nos mosquées. «Viser cette pensée extrémiste et islamophobe» Il rappelle que «sur les 3 000 mosquées d'Allemagne, une bonne partie appartient aux Marocains». «Ce sont des lieux visités par des familles entières, nos frères et sœurs, nos enfants», s'inquiète-t-il. «Cela nous fait donc peur de constater toute cette haine à notre égard. Nous pensions que ce n'était que des sentiments. Nous voyons maintenant comment elle se transforme en actions et menaces, au point de constituer des cellules terroristes.» Mohammed Assila Egalement membre du Conseil supérieur des musulmans d'Allemagne, il dénonce aussi l'arrivée de partis d'extrême droite au Parlement allemand, et considère que le fait de mettre des éléments de police dans les mosquées «ne suffit pas». «Il faut viser cette pensée extrémiste et islamophobe au sein de la société allemande, ce que nous tentons lors de nos rencontres avec les responsables politiques», ajoute-t-il. «Nous n'avons pas de voix et de lobby pour nous défendre», regrette-t-il. Et de critiquer «ceux qui ne comprennent pas, à l'ère de la mondialisation, le rôle et l'apport de différentes composantes des sociétés, dont les musulmans», ainsi que le boycott, par les musulmans, des rendez-vous électoraux, et le fait que «la religion musulmane est utilisée par certains pour faire peur aux autres». Pour un commissaire gouvernemental contre l'hostilité à l'islam De son côté, Abdessamad El Yazidi, secrétaire général du Conseil supérieur des musulmans d'Allemagne, réitère la demande de cette institution aux pouvoirs allemands afin de «sécuriser et protéger» les institutions et les lieux de culte musulman «de façon directe car le danger est réel». «Nous remercions les institutions de sécurité pour leurs grands efforts qui ont abouti au démantèlement de cette cellule terroriste qui planifiait des attaques contre des citoyens musulmans en Allemagne et leurs institutions, à la manière des attaques de Christchurch en Nouvelle-Zélande», nous déclare-t-il. Et d'ajouter qu'il regrette que cette nouvelle ne l'ait pas étonné. «C'est une conséquence inévitable du discours de haine et de la discrimination que nous observons en Allemagne depuis des années», explique-t-il. Cet Allemand d'origine marocaine rappelle que «le terrorisme et la violence physique sont précédés de messages verbaux». «Si la société ne les nie pas et ne les dénonce pas, le mot peut se transformer en attaque et en agression, comme nous l'avons vu», explique-t-il. «Des parlements allemands sont infiltrés par des partis fascistes dont la seule monnaie est la propagation de la haine. Le fait que le discours de ces groupes d'extrême droite soit répété sous une forme ou une autre par des politiciens appartenant à des partis démocratiques de longue date, inquiète toujours tous les musulmans en Allemagne.» Abdessamad El Yazidi Et le secrétaire général du Conseil d'appeler à «la nomination d'un commissaire du gouvernement pour la vie islamique en Allemagne et contre l'hostilité de l'islam, car il y a une inquiétude et un sentiment d'absence de sécurité nécessaire pour les musulmans et leur institution».