Douze personnes, appartenant à un groupuscule d'extrême droite qui voulait imiter le massacre de Christchurch de 2019, ont été arrêtées en Allemagne vendredi. Le gouvernement allemand estime «effrayants» les projets d'attentats déjoués contre au moins six mosquées du pays. Douze membres d'un groupuscule d'extrême droite ont été arrêtés, vendredi 14 février, dans toute l'Allemagne puis placés en détention car ils sont soupçonnés de préparatifs d'attentats. Ils sont suspectés d'avoir voulu viser au moins six lieux de culte musulmans pendant la prière, sur le modèle de l'attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande ; avec 51 morts, il s'agit de la plus grande tuerie de masse de l'histoire de ce pays. Un suprémaciste blanc est l'auteur présumé des attaques, survenues en mars 2019. « Ce qui a été mis en lumière est effrayant, de voir manifestement un groupe se radicaliser de la sorte aussi rapidement », a affirmé un porte-parole du ministère allemand de l'intérieur, Björn Grünewälder, lors d'une conférence de presse à Berlin lundi, jugeant « important que les lieux de culte soient protégés ». « La mission de l'Etat est d'assurer la libre pratique de la religion dans ce pays sans danger, ni menace, peu importe pour quelle religion », a souligné pour sa part Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement et de la chancelière Angela Merkel. Leur projet était à prendre «très au sérieux», selon des sources sécuritaires citées dans les médias allemands : lors de perquisitions aux domiciles des suspects, vendredi, les enquêteurs ont notamment retrouvé des haches, des épées et des armes à feu. Le chef présumé du groupe allemand, présenté par les médias comme Werner S., habitant Augsbourg en Bavière connu et surveillé depuis plusieurs mois par les autorités, a détaillé ses plans lors d'une réunion organisée avec ses complices la semaine dernière. Les enquêteurs ont eu connaissance de cette réunion secrète grâce à un informateur infiltré, toujours selon les médias allemands. Outre des mosquées, des hommes politiques et des demandeurs d'asile étaient également visés. Sur les douze personnes interpellées, quatre sont soupçonnées d'être les chevilles ouvrières du groupuscule alors que les huit autres leur auraient fourni un soutien financier et logistique. Parmi les suspects, tous de nationalité allemande, figure un policier qui a été suspendu. Selon Bild, il s'agit de Thorsten W., 50 ans, un passionné du Moyen Age qui n'hésitait pas à porter dans son temps libre une cotte de maille et une épée. Il critiquait le gouvernement qu'il comparait à « la dictature de la Stasi », du nom de la police secrète de l'ex-Allemagne de l'Est (RDA). Ces attaques avaient pour but de déclencher des « conditions proches de la guerre civile » et d'ébranler l'ordre social, selon des sources sécuritaires citées par l'agence DPA. L'association Ditib, principale organisation de la communauté turque musulmane d'Allemagne, a réclamé plus de protection pour ses fidèles qui ne «se sentent plus en sécurité». «Nous ne devons pas rester silencieux face à la haine et la violence ni relativiser le danger venant de la droite», a-t-elle écrit dans un communiqué. Les autorités s'inquiètent de l'essor du terrorisme d'extrême droite depuis notamment le meurtre d'un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Angela Merkel, en juin 2019. Actuellement, cinquante personnes liées à la mouvance d'extrême droite et considérées comme « des dangers pour la sécurité de l'Etat » sont particulièrement surveillées par les services de renseignement. Ce démantèlement rappelle celui d'un autre groupuscule à l'été 2019 lorsque les autorités allemandes avaient arrêté une trentaine de personnes liées au mouvement « Nordkreuz » (Croix du Nord). Elles étaient soupçonnées d'avoir dressé une liste noire de personnalités de gauche et pro-migrants à abattre. Elles comptaient acquérir des sacs mortuaires et de la chaux vive pour éliminer les corps des victimes, selon le groupe de presse régional RND. En octobre 2019, un extrémiste de droite négationniste a échoué de peu à commettre un massacre à l'arme automatique dans une synagogue de Halle. Enfin à Dresde, dans l'ex-RDA, huit néonazis sont également jugés depuis près de cinq mois pour avoir planifié des attentats contre des étrangers et des responsables politiques.