Au cours d'une conférence de presse tenue à Rabat, les trois prédicateurs Hassan Kettani, Mohamed Rafiki (dit Abou Hafs) et Omar Haddouchi, heureux bénéficiaires d'une grâce royale ce week-end dernier, ont appelé à la libération de 900 autres compagnons, qui seraient de leur avis des «prisonniers d'opinion». Ils affirment en outre avoir subi des tortures et mauvais traitements au cours de leur détention qui a duré neuf années. Les trois cheikhs conservateurs Hassan Kettani, Mohamed Rafiki et Omar Haddouchi sont reconnaissants envers le Roi qui les a graciés à l'occasion de l'Aid Al Mawlid. Apparus ensemble en public hier jeudi à Rabat, ils n'ont pas manqué d'adresser des remerciements au souverain Mohammed VI ainsi qu'au ministre de la Justice Moustapha Ramid, mais aussi de rappeler qu'ils n'étaient pas hostiles à la monarchie et au Roi. A présent, les dirigeants de la Salafia Jihadia, une branche conservatrice de l'islam, appellent à la libération de leurs 900 compagnons toujours sous les verrous. Salafistes terroristes ? Motif de leur incarcération : les trois prédicateurs étaient «accusés d'avoir orchestré» les attentats qui ont eu lieu à Casablanca le 16 Mai 2003. Des suspicions à l'encontre de plusieurs salafistes ont germé et conduit à des arrestations massives. Et pourtant, «nous avons été mis en prison parce que notre seul crime a été de dénoncer l'intervention étrangère dans les pays musulmans», a déclaré Abou Hafs. A présent, «nous voulons l'ouverture d'une enquête sérieuse sur les attaques du 16 mai pour faire la lumière sur ces événements. Les Marocains ont le droit de savoir qui est vraiment derrière ces attaques», a rajouté Hassan Kettani. Torturés dans leurs geôles ? Au cours de leur entretien avec la presse, les trois prédicateurs ont dénoncé «un non-respect des droits fondamentaux des prisonniers». Omar Haddouchi a révélé ainsi avoir été torturé en prison. Un séjour dont «les conditions étaient encore pires que dans le centre de détention américain à Guantanamo où les prisonniers ont le droit de lire le Coran». «Ils m'ont déshabillé et j'ai été frappé sur tout mon corps, je n'arrive plus à voir parfaitement avec mon œil gauche» a-t-il déclaré devant une foule de journalistes et de supporters salafistes. «Je pardonnerai tout ce que j'ai vécu, si elle se traduit par la liberté de mes camarades prisonniers et à condition que les autorités mettent fin à ces abus», poursuit Omar Haddouchi. Interpellé quant à la formation éventuelle d'un parti politique à tendance salafiste, celui-ci note «qu'il est encore trop tôt pour y penser». Cependant, les réflexions vont bon train pour «une application de cette option par des moyens pacifiques». Les Salafistes prônent le retour à l'Islam pur et dur. Jugés tous «très conservateurs», seule une partie d'entre eux sont adeptes du «djihadisme», autrement dit de la «lutte armée».