Le fraichement nommé Secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Mohammed Sebbar, a annoncé dans une déclaration à Lakome.com qu'aucune décision de libération des détenus politiques n'a été prise. Selon lui, ce sont des rumeurs et s'il était question de les libérer, son Conseil l'aurait annoncé et contacté les familles. « Je ne comprends pas d'où viennent ces rumeurs », lance-t-il. Depuis ce matin, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant la prison Zaki à la ville de Salé, attendant la relaxe des cinq détenus politiques du groupe Belliraj et les trois cheikhs de la Salafia : Abou Hafs, Mohamed El Fizazi et Hassan Kettani. Sauf que l'attente dure et rien ne filtre des murailles de la prison. Des familles sont arrivées de toutes les régions du Maroc mais « la journée était longue et le désespoir commence à gagner la plupart des personnes présentes », selon un membre des familles des détenus. A l'intérieur de la prison, des détenus se sont révoltés contre leur exclusion de la grâce. Selon nos informations, un groupe, dont Abdelkader Belliraj, est monté sur les murs de la prison et menace de se suicider en se jetant dans le vide si jamais les autres sont libérés sans eux. La situation reste tendue, puisque les détenus politiques et salafistes refusent de rentrer dans leurs cellules. Après des contacts de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion avec les familles des détenus politiques, il apparait que la libération de ceux qui étaient qualifiés de "prisonniers politiques" par les associations des droits de l'homme, serait imminente. Les cinq détenus, Mohammed El Marouani, Mostafa El Mouatassim, Mohammed El Amine Ragala, Abdelhafid Sriti, Al Aabadela Maelainain, ont été condamnés par la Chambre criminelle de Rabat chargée des affaires terroristes, dans sa décision du 16 juillet 2010, pour « avoir formé une cellule terroriste qui pratiquait contrebande d'armes et braquages pour financer des actions visant à renverser le gouvernement » à 10 ans de prison, confirmant les peines prononcées par le tribunal de Première instance. La Cour avait rejeté des motions de la défense demandant une enquête sur les allégations de torture et les irrégularités procédurales entourant les arrestations et la détention. (Wikileaks: Lire la traduction française du câble diplomatique de l'ambassade des Etats-Unis à Rabat sur l'affaire). D'autre part, selon Abderrahim Mouhtad de l'association Annasir, l'administration pénitentiaire a établi des contacts avec les célèbres cheikhs de la Salafia : Abou Hafs, El Fizazi et Kettani. Leur libération est aussi attendue aujourd'hui, 17 mars 2011, ou demain selon nos informations. Près de 1000 détenus apparentés à ce courant religieux selon les autorités, sont toujours en prison depuis les attentas de Casablanca de 2003. Toutefois Abderrahim Mouhtad reste sceptique : « Puisque personne n'a été libéré, je crains que l'on revive le scénarion de 1994 quand Hassan II a annoncé la libération des détenus politiques. Après l'annonce, on a attendu plusieurs semaines avant l'exécution. C'est sans doute pour calmer les esprits en attendant le 20 mars ». Légende photo: Mohamed Sebbar, SG du CNDH