La scène des droits de l'Homme au Maroc vient d'être enrichie par la naissance d'une nouvelle institution, le très officiel Conseil national des droits de l'Homme. Le CCDH est mort, vive le CNDH ! Le Conseil national des droits de l'Homme, la nouvelle institution installée jeudi par le roi, se veut nationale. Quant au substrat consultatif qui a tant porté préjudice à l'action du CCDH, elle disparaît complètement. L'ancien duo Ahmed Herzenni et Mahjoub el Hiba, qui présidait aux destinées du Conseil consultatif, disparait également. Si Herzenni a pu se frayer un chemin au Conseil économique et social, Mahjoub se cherche encore une place au soleil. La création du CCDH en 1990 par feu Hassan II était une première dans un monde arabe qui commençait à peine à se familiariser avec le b.a.-ba du respect des droits de l'Homme. La chute du Mur de Berlin y était pour beaucoup. Quatre ans après sa création, le Maroc a connu les premières vagues de libération des détenus politiques militaires et civils. Puis, Tazmamart brise l'étau et s'impose à l'actualité. Le timing de l'installation du nouveau Conseil national des droits de l'Homme est tout sauf anodin. Il coïncide, d'une part avec les changements que connaît la région arabe avec les révolutions tunisienne et égyptienne et les événements en Libye, et d'autre part avec le mouvement enclenché par les marches du 20 février. Que ce soit dans l'installation du conseil de 1990 ou de celui de 2011, la conjoncture internationale a eu son effet. En créant le CCDH, le royaume a pu se démarquer de ses partenaires arabes. Et c'est pour préserver cette exception que le CNDH a vu le jour. Les verrous qui enchaînaient la mission du CCDH ont, dans une certaine mesure, sauté. L'objectif étant de permettre à la nouvelle institution de s'imposer comme un véritable défenseur des droits de l'Homme et de se débarrasser du rôle de porte-parole du gouvernement et du pouvoir en véhiculant ses messages et sa vision sur ce large spectre. Sebbar adoubé Le premier test pour Mohamed Sebbar, le secrétaire général du CNDH sera sans nulle doute la gestion du dossier des disparus. L'endroit même où Ahmed Herzenni a échoué. Dans ses déclarations au Soir échos, Abdellatif Zeroual, le neveu du disparu politique Abdellatif Zeroual, s'interroge : «L'Etat marocain a-t-il une volonté politique de rompre avec le passé concernant les violations des droits de l'Homme et d'instaurer réellement un Etat de droit démocratique ?» Partant du refus du tribunal de première instance et de la cour d'appel de Salé d'accepter la plainte que sa famille a déposé contre des personnes ayant trempé dans l'assassinat et la disparition de son oncle, il conclut que « l'Etat n'a pas encore la volonté politique suffisante pour répondre favorablement aux revendications des familles des disparus et du mouvement démocratique marocain, qui revendique une Constitution et la fin de l'impunité ». La nomination de Mohammed Sebbar n'est pas sans rappeler celle de Driss Benzekri au même poste, en juillet 2005, au sein du défunt CCDH.La nomination de M.Sebbar, président du Forum Vérité et Justice durant deux mandats en remplacement de Benzekri, s'inscrit dans la lignée des membres de la gauche radicale adoubés par le pouvoir. Leur liste est bien longue. Certains ont réussi le passage et d'autre ont complètement jeté leur passé aux orties. Mohamed Sebbar, l'homme qui défendait il y a quelques temps certains polisariens de l'intérieur, saura-t-il gérer cette transition sans perdre de plumes ? Récompenser le PADS ?