L'arrivée surprise des socialistes au pouvoir en Espagne, suite aux législatives du 14 mars 2004, avait irrité les Etats-Unis au point d'examiner de rompre un vieux accord militaire datant de 1953. L'ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo (22 décembre 2011- 4 novembre 2016) a publié un nouveau livre. Intitulé «Mémoires non-conformistes d'un politique de l'extrême centre», il fait l'objet d'une promotion, par son auteur, dans les médias ibériques. Très critique envers la politique étrangère adoptée par le PSOE, le diplomate a révélé que l'administration Bush avait examiné le projet de transférer ses deux bases militaires (Rota et Moron cédées en 1953 sous la dictature de Franco) installées sur le territoire espagnol vers le Maroc. Les Etats-Unis, selon Margallo, auraient envisagé une telle option en réaction à la décision prise, dès les premiers jours de son arrivée au pouvoir (avril 2004), par l'ex-chef du gouvernement, le socialiste José Zapatero, de retirer les soldats espagnols en Irak «sans aviser au préalable» Washington. Des troupes envoyées par José Maria Aznar dans le cadre de son «alliance sacrée» avec Georges W. Bush. Et de rappeler l'accueil froid que lui avait réservé Hilary Clinton, alors secrétaire au Département d'Etat, lors de leur première rencontre à cause de la décision du prédécesseur de Mariano Rajoy au Palais de la Moncloa. «Rompre l'équilibre au détroit de Gibraltar» Les Américains avaient également une autre dent contre Zapatero, à savoir ses déclarations à la presse faites en Tunisie. A l'occasion de sa première visite dans le pays du Jasmin, en septembre 2004, il avait alors tiré à boulets rouges sur l'invasion américaine de l'Irak de mars 2003. «Ceux qui ont commis cette erreur flagrante ne sont plus désormais habilités à conduire le processus de paix (au Proche-Orient), avait-il fustigé. Désormais ce rôle doit revenir à l'Europe, aux Nations unies et à la Ligue arabe.» Des propos qui avaient poussé les Etats-Unis à tenter de convaincre le Maroc, alors très proche de Bush, d'abriter le siège d'Africom. Le Nigéria était également un autre choix du Pentagone. Mais, comme les discussions n'étaient pas concluantes avec ces deux pays, les Américains avaient accentué la pression sur l'Espagne pour accueillir davantage de militaires américains. Deux ans après la défaite des socialistes aux élections législatives anticipées de novembre 2011, le gouvernement de droite autorise, en avril 2013, la présence temporaire de 500 marines et 8 avions à la base de Moron. Cette proximité allait se confirmer avec la signature, en 2015 par l'exécutif de Mariano Rajoy, d'un accord faisant de Moron le siège permanent de l'Africom en Méditerranée. La base accueillait alors 3 500 soldats US et 40 avions. José Margallo estime dans une interview que l'équilibre au détroit de Gibraltar» aurait pu être rompu si les Etats-Unis avaient mis en exécution leur projet de transférer leurs bases de Rota et Moron au Maroc.