Les eaux de Gibraltar sont une affaire de quelques pays : la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Maroc. Rabat se fraie, au détriment de l'Espagne, un chemin entre les deux superpuissances militaires. Explications. Les Espagnols sont très inquiets de la modernisation de la flotte marine marocaine. La réception de la frégate Mohammed VI, en plus des trois acquisitions de corvettes Sigma de fabrication néerlandaise, ne fera que renforcer davantage la présence de Rabat dans la surveillance du trafic maritime dans les eaux de Gibraltar. Cette partie de la Méditerranée est d'une importance capitale pour la sécurité du voisin du nord. Réduction du budget consacré à la marine espagnole Si le Maroc avance doucement dans les eaux du détroit de Gibraltar, l'Espagne accuse, en revanche, un recul. La rigueur budgétaire prônée par le gouvernement Rajoy a largement réduit le mouvement de sa marine. En 2014, la dotation des navires espagnols en carburant est de 20 millions de litres, soit une réduction de 8 millions de litres par rapport à une année auparavant, indique aujourd'hui la publication en ligne elconfidencialdigital.com. Cette coupe budgétaire a des conséquences immédiates sur le déploiement de la marine, ses sorties en mer ont nettement diminué. Une aubaine pour le Maroc qui souhaite jouer un rôle dans la sécurisation du sud de la Méditerranée. Il n'est d'ailleurs pas le seul à profiter de cet espace laissé par la marine ibérique. Britanniques et Américains occupent le terrain Le retrait des Espagnols a également permis à la Grande-Bretagne, autre grand rival historique de l'Espagne, de consolider sa présence dans la région. La Royal Navy a transformé la base de Gibraltar en une destination permanente de ses navires. Ils y passent beaucoup de temps dans un double objectif : prodiguer des cours de formations aux jeunes de la marine et surtout dissuader les frégates espagnoles d'opérer de nouvelles incursions dans les eaux du Rocher, comme ce fut le cas en août dernier. Le programme de la Royal Navy a été couronné par l'envoi du sous-marin à Tireless à propulsion nucléaire. Le très controversé submersible est la cible des écologistes espagnols, depuis 2000, l'année où l'appareil a été contraint de subir des mois de réparation à Gibraltar après des avaries dans le circuit de refroidissement de sa propulsion nucléaire. Outre les Marocains et les Britanniques, les Américains sont présent et ont dépêché, la semaine dernière, le destroyer USS Donald Cook. Le navire se trouve sur l'un des quais de la base navale de Rota où les Américains ne devraient pas être dépaysés. En 1953, Franco avait accordé à l'US Navy le droit de faire des escales de longue durée à Rota. Une tradition honorée par ses successeurs.