Partisane de la ligne diplomatique dure, l'Algérie a suspendu ses relations commerciales avec l'Equateur et le Panama. La raison : ces deux Etats d'Amérique latine ont changé de position sur la question du Sahara Marocain en s'alignant sur la position de Rabat. Cette décision révèle une diplomatie algérienne marquée par un emportement perceptible, mais aussi par un certain pragmatisme sélectif, dénudé de tout équilibre. En octobre et novembre 2024, l'Algérie s'est mis l'Equateur et le Panama à dos, deux Etats qui, en suspendant leur reconnaissance de la pseudo-RASD, ont exprimé leur soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. À première vue, ces mesures semblent illustrer la volonté d'Alger de réagir fermement à tout repositionnement diplomatique favorable au Maroc. Toutefois, ces sanctions soulèvent des interrogations sur leur efficacité et leur cohérence. Le cas de l'Equateur est emblématique. Premier exportateur mondial de bananes, ce pays reste un acteur de poids limité sur la scène internationale. En suspendant la reconnaissance de la RASD, Quito s'est avant tout engagé dans une démarche pragmatique visant à renforcer ses relations économiques avec Rabat, acteur majeur en Afrique et partenaire en plein essor. Pour le Panama, l'enjeu semble similaire : aligner ses intérêts stratégiques avec le Maroc, à travers une collaboration renforcée, notamment dans les domaines commercial et diplomatique. En réponse à ces évolutions, l'Algérie a réagi avec une rapidité notable, adoptant des mesures de rétorsion commerciale à l'égard des deux pays. Cette stratégie témoigne d'une approche agressive, mais elle soulève aussi des questions sur les conséquences potentielles de ces ruptures diplomatiques. L'Algérie peut-elle se permettre de multiplier les fronts alors que son économie reste fortement dépendante des exportations d'hydrocarbures et que son isolement diplomatique se renforce ? Lire aussi : L'Algérie encore accusée de violation flagrante de la souveraineté mauritanienne Ce positionnement contraste par ailleurs avec l'attitude algérienne vis-à-vis des grandes puissances. La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara par les Etats-Unis en décembre 2020 aurait pu entraîner une réaction similaire. Pourtant, Alger a choisi de maintenir ses relations commerciales avec Washington, mettant en évidence une approche différenciée dictée par des considérations économiques et stratégiques. L'offensive diplomatique algérienne face au soutien grandissant à la position marocaine sur le Sahara semble accélérer l'isolement d'Alger. La reconnaissance par les Etats-Unis, suivie de changements de position de plusieurs Etats européens tels que l'Espagne, l'Allemagne et, plus récemment, la France, révèle un glissement géopolitique défavorable à l'Algérie. La suspension, en juin 2022, du traité d'amitié avec l'Espagne ou encore le rappel de l'ambassadeur algérien en France en 2024 s'inscrivent dans une série de mesures qui illustrent une politique de confrontation. Cependant, cette position inflexible peine à renverser la situation. En ciblant des Etats moins influents comme l'Equateur et le Panama, Alger cherche à affirmer son poids sur la scène internationale, mais cela se fait au détriment de ses alliances et entraîne une perte de crédibilité. La disparité de traitement entre les grandes puissances et les Etats moins stratégiques révèle une incohérence dans la politique étrangère algérienne. Si l'Algérie aspire à incarner une voix influente dans les affaires africaines et internationales, son refus de reconnaître les dynamiques évolutives autour de la question du Sahara Marocain la condamne à un isolement grandissant. Les choix diplomatiques algériens apparaissent ainsi comme une illustration de son emportement et de son incapacité à adapter sa stratégie à une réalité internationale où le Maroc renforce sa position. Le Sahara Marocain s'impose de plus en plus comme une cause soutenue par des acteurs mondiaux et régionaux, mettant Alger dans une position d'opposition solitaire, souvent au détriment de ses propres intérêts économiques et stratégiques.