Après avoir gardé le silence lors de l'édition précédente, le Front Polisario est revenu cette année pour dénoncer le passage du rallye Africa Eco Race des régions sahariennes vers la Mauritanie. Saisissant l'ONU, le mouvement menace d'apporter une «réponse ferme». Fidèle à sa «diplomatie des lettres», le Front Polisario a adressé cette semaine une lettre au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il y dénonce et «condamne» le passage de la 12e édition du rallye Africa Eco Race du Sahara. Une lettre qui coïncide avec l'arrivée de la caravane de cette compétition, mardi, au port de Tanger. Dans sa lettre, le mouvement de Brahim Ghali considère ce rallye comme «un autre exemple de la mauvaise intention du Maroc et un mépris total des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2494 (2019)». Un texte qui appelle à s'abstenir de toute action qui «déstabiliserait davantage la situation au Sahara occidental». Signée par le représentant du Polisario aux Nations unies, Mohamed Ammar, la lettre évoque «le regret du Front Polisario de l'échec des Nations unies à prendre des mesures fortes face aux tentatives répétées du Maroc d'imposer un fait accompli par la force au Sahara». Et d'ajouter qu'il est «impératif que le secrétariat des Nations unies et le Conseil de sécurité assument leurs responsabilités dans le maintien du statut juridique du Sahara occidental en tant que région soumise au processus de décolonisation». Les menaces de 2018, reprises en 2020 ? Réitérant ses menaces à prendre les armes, le Front dit «se réserver le droit de répondre résolument à toute action visant à saper l'intégrité du Sahara occidental». Le mouvement blâme aussi le Maroc pour «les conséquences qui peuvent résulter de ses provocations constantes et de ses actions déstabilisatrices» et l'accuse de «saper l'autorité et la crédibilité des Nations unies et la possibilité de tout progrès dans le processus de paix déjà fragile». A travers sa lettre, le mouvement séparatiste rompt ainsi avec le silence qu'il a adopté l'année dernière, alors qu'il n'avait pas commenté le passage de la 11e édition du Rallye Africa Eco Race par le Sahara, entre le 5 et le 11 janvier 2019. Il y a deux ans, ses milices avaient pourtant pénétré dans la zone tampon à l'est du mur des Sables, près d'El Guerguerate, et avaient menacé d'empêcher les automobilistes de transiter par le poste-frontière séparant le Maroc et la Mauritanie, brandissant la menace de déclencher une guerre. Le Maroc avait alors réagi, dénonçant l'incursion du Polisario à l'est du mur des Sables et appelant au retrait immédiat des milices du mouvement séparatiste. Un appel qui a été entendu par l'ONU, le front ayant fini par se retirer d'El Guerguerate. Le 5 janvier, le coup d'envoi de la 12e édition de l'Africa Eco Race a été donné à Monaco. Cette course internationale, dont les participants sont arrivés au Maroc le 7 janvier, va sillonner plusieurs villes marocaines avant d'arriver à Dakhla le 12 janvier. Les pilotes devraient atteindre la Mauritanie le 14 janvier avant la clôture de la course prévue à Dakar le 19 janvier 2020. Selon l'itinéraire de la course, l'Africa Eco Race empruntera comme à l'accoutumée le passage frontalier d'El Guerguerate, le 18 janvier prochain.