Au cœur d'un village de la vallée d'Ourika, un artiste MRE a donné vie à une structure solidaire qui se veut un espace d'épanouissement pour les enfants. A Tafza, Nour Eddine Fatty fait de sa Maison des maîtres un lieu de tourisme solidaire, mais aussi un établissement d'arts pluridisciplinaires bénéficiant aux 300 petits que compte ce douar. Cour intérieure de La Maison des maîtres à Tafza / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Espace ouvert au cœur de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Les intérieurs de La Maison des maîtres, voulus résolument floraux / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) La Maison des maîtres s'équipe peu à peu pour devenir un espace convivial / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Espace des ateliers de gastronomie à La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Intérieur de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Espace de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Une cour de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Les artisans de la région ont été associés pour aménager La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Ruelle menant à La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Vue sur le douar de Tafza depuis la terrasse de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Il y a moins de cinq ans, le douar de Tafza dans la commune rurale d'Ourika (Marrakech) manquait encore des infrastructures les plus basiques. Les routes sont quasiment impraticables, des conduits d'eaux usées au milieu des ruelles sont à l'air libre et les enfants sont grandement exposés à tous types de maladies. Cette situation évolue doucement mais sûrement depuis un an, lorsque l'instrumentiste et compositeur marocain vivant en Italie, Nour Eddine Fatty, a obtenu un appui financier de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Grâce à ce budget inattendu, il a pu mettre en place un système moderne de conduits d'eau dans les normes, parallèlement à l'implantation de son projet artistique au sein de la structure de La Maison des maîtres. Nour Eddine Fatty dans sa Maison des Maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Plus qu'une simple maison d'accueil dans un circuit de tourisme solidaire, il s'agit d'une structure pluridisciplinaire dont les portes sont ouvertes aux 300 enfants du douar. Ils y pratiquent du dessin, tiennent des activités culturelles, fêtent les anniversaires de leurs amis et rencontrent notamment les musiciens ou compositeurs invités par le maître des lieux. Les artistes y animent des ateliers bénéficiant aux visiteurs, tout en permettant de lever des fonds pour la scolarité de ces enfants ou encore la prise en charge de leur couverture médicale, grâce à un système de parrainage. Diaspo #85 : Nour Eddine Fatty, un éternel musicien de rue qui a conquis l'Italie Le tourisme au service du développement des enfants «Des enfants sont maintenant pris en charge entièrement, dans le financement de leurs études et de leurs soins de santé, par des bénévoles italiens venus visiter La Maison des maîtres et tombés sous le charme du lieu», se félicite Nour Eddine Fatty. Ce dernier nous confie que «pour autant les choses ne sont pas faciles». En effet, les travaux dans La Maison des maîtres ne sont pas encore finalisés, mais celle-ci est assez opérationnelle pour accueillir des locataires saisonniers, des résidences artistiques et des stages de méditation. Une partie des intérieurs de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Ces premières activités serviront d'ailleurs à appuyer une nouvelle dynamique dans le douar, tout en permettant à La Maison des maîtres de se développer de manière autonome. Justement, l'autre avantage de cette structure est qu'elle propose un modèle économique qui se différencie des pratiques communément admises dans les circuits de tourisme de masse. A titre d'exemple, «la totalité des employés, des travailleurs, des techniciens en électricité, en plomberie et en construction sont issus du douar et des environs, car ce projet est le leur : ils participent à sa construction, proposent des idées et en bénéficient au présent comme à l'avenir», nous explique Nour Eddine Fatty au cours d'une visite guidée sur les lieux. De plus, «même le matériau de construction est celui de la région et non pas du béton, du ciment ou des briques rouges ramenées d'ailleurs et susceptibles de donner un résultat qui défigure le paysage spécifique du douar», souligne encore le musicien qui décrit «un projet de vie» où il y investit tous ses moyens. Une ouverture donnant sur la cour de La Maison des maîtres / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Le maître des lieux n'est pas pour autant dans la précipitation. Il est bien conscient que les choses se construisent petit à petit et non pas dans l'instantanéité. Cela dit, il voit grand, déterminé à venir à bout de son projet, où il consacre un espace à pour une prochaine installation définitive à Tafza. «Il y aura un studio d'enregistrement de musique professionnel, un espace de lecture avec une bibliothèque qui s'enrichit peu à peu, en plus des chambres de logement et de la cuisine pour des ateliers de gastronomie, ou encore de spa pour l'esthétique et le bien-être.» Nour Eddine Fatty, initiateur de La Maison des maîtres Un développement socio-culturel participatif «Cette maison est celles des habitants de Tafza et de celles et ceux qui veulent les aider à se développer, tout en créant un espace d'épanouissement où les enfants évoluent comme ils le souhaitent», nous décrit Nour Eddine Fatty, qui, à ce propos, a lancé une campagne de dons via la la plateforme Leechi, afin de soutenir cet élan de solidarité qu'il veut inscrire dans la durée. Maroc : Ouirgane, une région aux potentialités économiques sous-exploitées «Il s'agit d'une collecte pour l'aménagement et l'équipement d'un espace dédié aux enfants au sein de la Maison des maîtres, notamment pour le développement de la bibliothèque, d'une ludothèque et d'équipements informatiques», selon l'artiste. «Ces espaces et leurs ateliers seront ainsi ouverts à tous les enfants du village avec des activités culturelles, artistiques en plus du soutien scolaire», ajoute-t-il. La structure enrichit peu à peu son espace de bibliothèque / Ph. Ghita Zine (Yabiladi) Pour lui, «cet espace est une autre façon de contribuer au développement local en associant les habitants du village, tout en accueillant des personnes venues du monde entier et qui s'adaptent à l'environnement spécifique de Tafza en s'intégrant à la population locale». Car en plus des activités «intra-muros», on ne risque pas de s'ennuyer en quittant les locaux de ce lieu. Tout au long de l'année, Nour Eddine Fatty propose aussi des activités de nature, des randonnées et des ateliers de céramique, supervisés par des professionnels marocains ou étrangers. «C'est un dynamisme touristique local, mais avec une dimension sociale, culturelle, écologique et économique», nous décrit l'artiste avec enthousiasme. Article modifié le 2019/12/19 à 20h02