Le Maroc poursuit sa descente aux enfers dans le classement de Reporters Sans Frontières. Le rapport 2011-2012 publié ce mercredi 25 janvier, classe le royaume au 138e rang, soit un recul de trois places par rapport à l'année dernière. Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, compte sur la volonté de réformes du nouveau gouvernement pour inverser la tendance. L'incarcération de Rachid Niny continue de coûter cher au Maroc. Reporters Sans Frontières (RSF) qui vient de publier son dixième rapport annuel ce matin, s'appuie sur le séjour carcéral du directeur de publication du quotidien arabophone «Al Massae» pour reléguer le royaume de trois places dans son classement. «Le Maroc confirme aussi sa descente, passant de la 135e à la 138e place, suite à l'incarcération du rédacteur en chef d'Al-Massae, Rachid Nini, le 28 avril. Il est toujours détenu», écrit RSF. Un classement accueilli avec une certaine déception par le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, informé de sa publication par Yabiladi.com. «En attendant de l'examiner [le classement] pour pouvoir le commenter», le ministre de la Communication a tout de même estimé que les choses vont changer pour les années à venir. «Il faut prendre en considération les nouveaux acquis constitutionnels, mais aussi la volonté de réformes du chef du gouvernement» s'est contenté de répéter El Khalfi. Concernant l'incarcération de Niny, le ministre de la Communication a également répété que «c'est un dossier qui est devant la Justice, l'Exécutif ne peut pas intervenir à ce niveau pour faire libérer Rachid Niny. Mais, le gouvernement va entreprendre d'autres actions pour sa libération». Autrement dit, seule une grâce royale pourrait faire sortir le journaliste de la citadelle du silence. Printemps arabe rime-t-il avec liberté de la presse ? «Répression» a été le mot de l'année écoulée selon RSF, qui ajoute que «jamais la liberté d'information n'a été autant associée à la démocratie, jamais le travail de journaliste n'a autant gêné les ennemis des libertés. Jamais les actes de censure et les atteintes à l'intégrité physique des journalistes ne semblent avoir été si nombreux». Dans les pays de la région Mena (Moyen Orient et Afrique du Nord), le classement a été «fortement influencé» par les «révoltes arabes», indique RSF. Ainsi, des pays comme la Tunisie et la Libye, «où les révoltes ont abouti à des changements politiques», ont sensiblement amélioré leur classement. «La fin de la répression exercée par le régime de Zine el-Abidine Ben Ali» a permis à la Tunisie de gagner 30 places par rapport à l'année dernière, passant de la 164 à la 134e place, dépassant ainsi le Maroc. La Libye pointe au 154e rang, contre le 160e l'année précédente. Toutefois, selon RSF, «les libertés gagnées sont fragiles» et «peuvent être balayées très facilement». C'est le cas en Egypte où «les changements restent cosmétiques», faisant régresser le pays de 39 places (166e contre 127e l'année dernière). Les pays où «la répression est toujours d'actualité» comme la Syrie (de 173 à 176), le Yémen (170 à 171) et le Bahreïn (qui perd 29 places et se classe 173) sont tous en chute. Faisant dire à RSF que «la plupart des évolutions sur 2011 s'inscrivent à la baisse». Last but not least, l'Algérie poursuit sa remontée dans le classement (+11, passant de la 133e position à la 122e) du fait notamment de la diminution du nombre de procès contre les journalistes.