L'organisation internationale Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé lundi ce qu'elle considère comme un «acharnement judiciaire» à l'encontre du patron de presse et éditorialiste Taoufik Bouachrine. Poursuivi depuis février 2018 pour «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol», l'ancien directeur de publication du journal arabophone Akhbar al Yaoum a vu sa peine initiale «considérablement alourdie par la cour d'appel de Casablanca», vendredi 25 octobre, rappelle RSF dans un communiqué. Sa sentence est, en effet, passée de douze à quinze ans de prison ferme et 255 000 euros d'amende, alors que «Taoufik Bouachrine a toujours nié les accusations portées contre lui, dénonçant un "procès politique"», poursuit-on. «Un tel acharnement judiciaire contre Taoufik Bouachrine est incompréhensible», dénonce Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. «Nous appelons la justice marocaine à abandonner les charges qui pèsent contre le journaliste et à le libérer au plus vite». RSF rappelle qu'un avis rendu en janvier 2019 par un groupe d'experts du Conseil des droits humains des Nations unies, a estimé que la détention de Taoufik Bouachrine est «arbitraire» et qu'il est victime d'un «harcèlement judiciaire». «Au Maroc, outre les procès fleuves d'Ali Anouzla et de Maati Monjib et des six autres inculpés qui durent depuis plusieurs années, des peines de prison ferme et des amendes ont été prononcées contre les journalistes qui ont couvert le Hirak tel que Hamid El Mahdaoui ou Rabii El Ablak, en grève de la faim depuis plus de 50 jours pour dénoncer un procès à caractère politique», dénonce l'ONG. RSF rappelle que le Maroc se situe à la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2019.