Le limogeage de John Bolton aurait eu un impact sur le projet de résolution que Washington a soumis aux membres du Conseil de sécurité. Pour Rabat, il est encore prématuré de crier victoire alors que l'Afrique du sud ne compte pas rester les bras croisés. Comme prévu, les Etats-Unis ont remis au Conseil de sécurité la première mouture du projet de résolution sur le Sahara occidental. «Le texte a proposé le prolongement du mandat de la MINURSO pour une année. Washington entend ainsi donner au prochain envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU assez de temps pour relancer les pourparlers entre les parties», nous confie une source proche du dossier. «Par cette proposition, Washington accorde également du temps à Antonio Guterres pour trouver, en concertation avec les principaux acteurs régionaux et internationaux sur ce dossier, un successeur au démissionnaire Horst Köhler», indique-t-elle. Pour rappel, à l'occasion de la réunion du 16 octobre dernier, les Quinze ont appelé à désigner un nouvel envoyé personnel. La nouvelle résolution sur le Sahara occidental doit être adopté par le CS le 30 octobre prochain. Autre point en faveur du Maroc, le texte soumis ne prévoit pas un élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'Homme dans la province. «Dans l'ensemble, les éléments ayant fuité marquent une rupture avec la ligne politique suivie par John Bolton et son mentor James Baker», affirme la même source. L'Afrique du sud annonce la couleur depuis Bakou Toutefois, la mouture devrait faire l'objet d'amendements de la part des autres membres du Conseil de sécurité. L'Afrique du sud, qui assure pendant ce mois d'octobre la présidence tournante de l'instance onusienne, pourraient faire pression pour que la copie finale intègre des éléments en faveur du Polisario. D'ailleurs, le gouvernement de Cyril Ramaphosa a déjà annoncé la couleur à l'occasion du 18ème sommet des non-alignés qu'accueille depuis mercredi la capitale de l'Azerbaïdjan, Bakou. Son représentant à ce conclave Alvin Botes, vice-ministre des Affaires étrangères, a plaidé les thèses du Front dans son discours. «Notre mouvement doit également rester préoccupé par la question du Sahara occidental (…) et réitérer la nécessité pour le peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination et à la liberté». Outre l'Afrique du sud, le Polisario pourrait compter aussi sur l'appui de l'Ethiopie. Addis-Abeba s'est abstenue lors du vote des résolutions 2414 (27 avril 2018) et 2440 (31 octobre 2018). La Russie, un autre acteur habitué depuis au moins deux années à l'abstention sur ce dossier, maintiendrait-elle sa position ? Le projet de construction d'une raffinerie au Maroc pourrait infuer sur la position de Moscou. D'ailleurs, en plus d'écarter le Polisario de la liste de ses invités africains au forum de Sotchi, le gouvernement russe n'a pas déroulé le tapis rouge, comme il a coutume de faire à l'approche des échéances d'avril et octobre, au coordinateur du Front avec la MINURSO, M'Hamed Khaddad. Le parrain algérien du Polisario, quant à lui, a comme priorité de rassurer Moscou sur l'impact de la contestation populaire et la stabilité du pouvoir à Alger. Les séparatistes sahraouis sont ainsi passés au second plan. Article modifié le 2019/10/25 à 11h35