Ce Franco-marocain de 40 ans est installé en Angola depuis près de vingt ans. Il y a monté une entreprise dans le BTP et est aujourd'hui un fin connaisseur de ce pays lusophone. Rachid Amamou, 40 ans, connaît l'Angola comme sa poche. Depuis près de vingt ans qu'il vit dans ce pays du sud-ouest de l'Afrique, à Luanda, il a appris à en déceler tous les rouages. Il s'y est installé en juin 2001 avec femme et enfant pour venir travailler dans l'entreprise de sa belle-famille. Originaire de Oyonnax, dans l'Ain, il a suivi un cursus de génie civil entre les lycées de Bourg-en-Bresse et d'Annecy, avant de poursuivre avec un BTS en génie civil à Annecy. A 21 ans, son beau-père propose au jeune couple d'intégrer l'entreprise familiale en tant que cadres. «La mère de mes enfants est originaire de Suisse. Ses grands-parents, des médecins, sont arrivés en Angola en 1942 dans le cadre de la mission protestante pour traiter la tuberculose et la lèpre», nous raconte-t-il. Deux ans après son arrivée, il choisit de quitter le navire familial car «travailler avec la belle-famille, ce n'est pas toujours évident.» En 2004, il intègre le groupe norvégien DNV (Det Norske Veritas), spécialisée dans la gestion de risques. «Pendant cinq ans, j'ai été chef de département chez DNV. Je suis ensuite retourné à l'école par correspondance afin de faire un cursus d'ingénieur en structures mécaniques», ajoute-t-il. Son activité professionnelle le mène à gérer des projets en Malaisie, en Norvège, en Afrique du Sud. Après avoir beaucoup appris, il revient en Angola. Une intégration facile En 2010, nouvelle étape : la création de son entreprise de génie civil, Myrapro Soluções Lda, spécialisée dans le BTP. Le passage du salariat à l'entreprenariat ne se fait pas sans difficultés : «Au début, on est dans l'inconnu complet. On ne sait pas de quoi demain sera fait et on n'a pas de salaire garanti à la fin du mois. Il faut pouvoir se faire une place sur le marché, convaincre les clients qu'on est capable de leur apporter ce dont ils ont besoin, de leur garantir un service de qualité et de pérenniser ça dans le temps.» Mais très vite, il découvre le potentiel de ce pays. «Je suis arrivé en Angola durant la dernière année de la guerre civile (1975-2002, ndlr). Le pays était dévasté, il y avait tout à refaire. Avec un minimum de bagages et un maximum de volonté, on peut faire beaucoup de choses ici.Le fait d'avoir ajouté ma pierre à l'édifice, de pouvoir être utile à la société, ça m'a valorisé.» Rachid Amamou Facteur aidant, son intégration se fait plutôt aisément. «Le fait de parler français et espagnol m'a beaucoup aidé à apprendre le portugais. Au bout de trois ou quatre mois, je parlais très bien la langue. Et quand on est issu de l'immigration, on a plus de facilité pour l'acquisition d'une nouvelle langue», remarque-t-il. Une plus-value pour l'Angola «On peut arriver en Espagne avec un espagnol qu'on a appris en France, aller dans certaines régions d'Espagne et ne rien comprendre. En revanche, si vous allez au Mexique, c'est un espagnol limpide, très facile à écouter, à apprendre et à entendre. On dirait des Français qui parlent espagnol ! Le portugais du Portugal, c'est une misère à comprendre, surtout quand vous allez dans le nord. Alors que quand vous allez en Angola, c'est un peu comme le Mexique : c'est un portugais plus limpide, plus souple, à l'écoute beaucoup plus facile», ajoute-t-il. D'autant qu'à son arrivée, Rachid Amamou a été jeté dans la cage aux lions : «J'avais 21 ans. Je me suis retrouvé sur le terrain à devoir gérer 150 personnes. Ça m'a permis de m'intégrer facilement ; je n'ai même pas eu vraiment le choix.» Rachid Amamou En plus de son entreprise dans le BTP, il fait aussi de l'importation de pièces industrielles notamment pour la pétrochimie. Il s'est également découvert une passion pour la plongée sous marine et la pêche. Une passion qui l'a rapproché des entreprises locales dans le secteur de la pêche. Un secteur prometteur ; Rachid Amamou croit aux potentialités de l'Angola dans ce domaine. «Le Maroc est un exemple pour l'Angola dans la filière de la pêche. Les techniques de pêche sont les mêmes, les contrôles aussi», affirme-t-il. Il se dit très interessé par une coopération bilatérale entre son pays d'origine et son pays d'accueil. Le réchauffement diplomatique récent entre le Maroc et l'Angola pourrait être le prélude à une coopération économique nouvelle. C'est en tout cas le souhait pour l'un des rares Marocains vivant en Angola.