Le ministère de l'intérieur Abdelouafi Laftit a officiellement fixé les dates d'entrée en vigueur des contrats relatifs à la gestion des services de distribution d'eau potable, d'électricité et d'assainissement liquide, qui seront confiés aux nouvelles sociétés régionales pluridisciplinaires créées en vertu de la loi n° 83.21. Adoptée il y a six mois, cette loi marque une rupture décisive avec le régime de gestion déléguée jusque-là en vigueur, principalement assuré par des entreprises étrangères, notamment françaises, dans plusieurs grandes villes du royaume. Désormais, la gestion desdits services sera confiée à des entités nationales à capitaux publics. Dans une correspondance adressée au directeur général de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), le ministre de l'intérieur a dévoilé un calendrier détaillé pour la mise en œuvre des contrats dans les huit régions restantes. Parmi elles, la société régionale couvrant Rabat-Salé-Kénitra entamera ses activités le 1er avril, suivie des régions Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued Ed-Dahab et Guelmim-Oued Noun à compter du 1er mai. Le programme se poursuivra avec la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma en juin, Fès-Meknès en juillet 2025, et enfin les régions Béni Mellal-Khénifra et Drâa-Tafilalet en août. Ce nouveau cadre législatif confère aux sociétés régionales de larges prérogatives, leur permettant de mener des activités industrielles, commerciales, immobilières et financières en lien avec leur objet principal. Ces entités pourront également, en vertu des contrats signés, percevoir redevances et contributions, et gérer les facturations pour le compte de l'Etat ou des collectivités territoriales. La loi prohibe toute participation étrangère au capital des sociétés régionales, réservant cette responsabilité à l'Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales concernées. Elle exige par ailleurs que toute décision relative à l'apport en capital d'une collectivité soit soumise à l'approbation préalable du ministère de l'intérieur. Une fois les contrats effectifs, les sociétés régionales remplaceront l'ONEE et les agences autonomes dans la gestion des services concernés. Elles hériteront également des droits et obligations liés aux contrats précédemment conclus par ces entités. Les personnels affectés aux services transférés seront intégrés aux nouvelles structures, avec la garantie que leurs conditions de travail ne seront pas altérées par cette transition. Cette réforme entend renforcer la souveraineté nationale sur des secteurs stratégiques tout en modernisant la gestion des infrastructures essentielles. Toutefois, elle suscite des interrogations quant à sa mise en œuvre et à ses répercussions sur le terrain.