Le député français de la Somme, Matthias Renault, a adressé une lettre officielle au ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, soulevant des interrogations concernant les financements et les activités de la Grande Mosquée de Paris (GMP) ainsi que son recteur, M. Chems-Eddine Hafiz. Ce courrier, daté du 16 janvier, s'appuie sur une série de faits documentés et publics qui, selon l'élu, poseraient la question d'un risque d'ingérence étrangère et d'un éventuel manquement aux lois françaises sur la transparence et la neutralité des institutions religieuses. Le député cite notamment les déclarations du recteur, qui affirmait en décembre 2020 que «la Grande Mosquée de Paris est d'abord algérienne et ne sera jamais autre chose.» Il rappelle également qu'en 2022, la GMP aurait reçu un financement de deux millions d'euros en provenance du gouvernement algérien, tandis que cette dernière était désignée comme «mandataire exclusif de la certification halal par les autorités algériennes.» Cette activité, selon M. Renault, pourrait engendrer des commissions financières perçues par le recteur et son entourage proche, renforçant les soupçons de dépendance financière à l'égard de l'Algérie. Le parlementaire ajoute que M. Hafiz aurait participé en 2023 au colloque annuel des Frères musulmans de France, et déplore son absence de condamnation claire envers certaines organisations telles que le Hamas, même après les événements tragiques du 7 octobre 2024. «Il n'a jamais reconnu la réalité de l'antisémitisme arabo-musulman, préférant accentuer les accusations d'islamophobie contre la société française», écrit-il dans sa correspondance. Par ailleurs, le courrier attire l'attention sur le rôle de la GMP dans la campagne présidentielle algérienne de 2024, menée depuis le sol français, et sur le soutien affiché par la mosquée à des associations telles qu'Awassir, accusées d'avoir appelé à «faire barrage à l'extrême droite» lors des élections européennes de 2024. Appel à la transparence et enquête sur les financements M. Renault conclut son courrier en interrogeant le ministre sur d'éventuelles investigations en cours : «Les éléments portés à votre connaissance laissent-ils supposer des risques d'ingérence ou des violations potentielles du cadre juridique national ?» Il invoque notamment la loi confortant le respect des principes républicains d'août 2021, censée prévenir ce type d'influence étrangère sur les institutions religieuses françaises. Le député appelle à « garantir que la France reste ferme face à toute tentative d'influence étrangère sur ses institutions religieuses, dans le respect des principes de neutralité et de laïcité, et en luttant contre l'islamisme politique ». Pour l'heure, le ministère de l'intérieur, grand pourfendeur de l'Algérie, n'a pas encore répondu à ces accusations ni à la demande de clarification sur d'éventuelles mesures en cours.