Sous la houlette de Mme Karima Benyaich, ambassadeur du Maroc au Portugal, la grande conférence sur le thème «Maroc-Portugal : un partenariat stratégique (habitat, bâtiment et tourisme)», se tiendra ce 17 mai à Lisbonne. Au total, pas moins de 200 participants prendront part à cet important rendez-vous dont une belle brochette de hauts responsables, décideurs, chefs d'entreprises, corps diplomatiques, journalistes… Sur le tableau de bord des hommes d'affaires marocains et portugais depuis quelques jours, la grande conférence sur le thème «Maroc-Portugal : un partenariat stratégique (habitat, bâtiment et tourisme) », initiée par Mme Karima Benyaich, ambassadeur du Maroc au Portugal, se tiendra le 17 mai à Lisbonne. Cet événement, qui verra la participation de l'ONMT (Office national marocain du tourisme) est co-sponsorisé par les hebdomadaires portugais Sol et Challenge. Le gothas politique et économique en force Au total, pas moins de 200 participants prendront part à cet important rendez-vous dont une belle brochette de hauts responsables, décideurs, chefs d'entreprises, corps diplomatiques, journalistes… Sont annoncés Paulo Portas, ministre portugais des Affaires étrangères et Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Alvaros santos Pereira, ministre portugais de l'Economie et de l'Emploi, Mohamed Nabil Benabdallah, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville, Lahcen Haddad, ministre du Tourisme et Adolfo Mesquita Nunes, Secrétaire d'Etat portugais au Tourisme, Kamal Lahlou, Directeur de l'hebdomadaire Challenge, José Antonio Saralva, Directeur de l'hebdomadaire Sol, Badr Kanouni, Président du directoire du Groupe Al Omrane, ainsi que Jamal Kilito, DG de l'ONMT, Bouchaib Benhamida, Président de la FNBTP, Ali Ghannam, Président de la FNT et leurs homologues portugais. C'est dire l'intérêt porté par les deux gouvernements et leurs milieux des affaires aux deux secteurs clés de l'économie des deux pays, notamment l'habitat, le bâtiment et le tourisme. C'est ainsi que la conférence s'articulera autour de deux panels relatifs à ces secteurs porteurs et qui seront ouverts par les ministres en charge de ces portefeuilles. Les directeurs des offices de tourisme, les présidents des fédérations concernées, ainsi que plusieurs intervenants et opérateurs, animeront ces deux ateliers. Des relations économiques en deçà des attentes Contrairement aux relations diplomatiques, qualifiées d'exemplaires et qui fêteront cette année leur 238e anniversaire, les relations économiques sont en deçà des attentes. Les investissements privés portugais au Maroc connaissent une certaine volatilité (voir graphes des investissements et cessions de participations portugaises au Maroc). En effet, si au tout début des années 2000, le Portugal était le premier investisseur étranger au Maroc avec le contrôle de Méditel, de Fertima (qui ont été cédés), entre autres, depuis, les deux gros investissements opérationnels à l'heure actuelle restent Asment Temara (filiale de Cimpor) et celui du grand groupe portugais SOVENA qui contrôle 75 % du marché des huiles végétales au Portugal et qui s'est associé avec la SOMED pour investir dans l'oléiculture, à travers Saprolives, la première implantation du groupe ibérique en Afrique. Le Portugal pourrait-il occuper à nouveau cette position ? La part belle aux PME En tous les cas, au cours de ces dernières années, on assiste à une accélération de la présence portugaise au Maroc, que ce soit dans la zone franche de Tanger, dans le cadre de délocalisations, ou de renforcement, ou encore dans le cadre de contrats avec des multinationales présentes sur place comme Sonae Sierra, spécialisée dans la gestion des centres commerciaux, et qui a signé en septembre dernier avec Marjane Holding, un 2ème contrat portant sur la gestion du développement d'un centre commercial à Casablanca, après des travaux de rénovation et d'extension. Le groupe pharmaceutique portugais Tecnimede n'est pas en reste en confirmant son intérêt pour le Maroc. En effet, douze ans après y avoir planté son étendard, le spécialiste ibérique des médicaments génériques vient de terminer la construction d'une deuxième unité de production à Casablanca pour un investissement de plus de 50 millions de DH. Et avec le succès rencontré par Tecnimede Maroc, notamment sur le registre des génériques de médicaments contre les maladies cardiovasculaires, la maison mère vient de créer Atlas Pharma, une deuxième filiale marocaine dont le capital de démarrage est de 15 millions de DH. L'objectif du groupe pharmaceutique portugais est de faire du Royaume sa plateforme industrielle pour l'Afrique du nord et l'Afrique de l'ouest. «A l'opposé des grands groupes portugais, de plus en plus de PME portugaises s'installent au Maroc dans les secteurs du BTP, du génie civil, de l'industrie (agroalimentaire, automobile, cuir et textile), le tourisme, l'agriculture… », souligne José Maria Teixeira, président de l'Association Maroco-Portugaise d'Affaires (AMPA), créée en 2007 et qui joue aujourd'hui le rôle de Chambre de commerce portugaise au Maroc. Peut-on y voir d'abord, un lieu direct avec la crise qui sévit au Portugal ? Selon José Maria Texeira, cet engouement des PME portugaises pour le Maroc remonte bien avant la crise. «Il est normal qu'avec cette donne que les entreprises cherchent de nouveaux marchés, surtout ceux de proximité. N'oubliez pas que Rabat qui est à une heure de Lisbonne est la capitale la plus proche. Et puis, de nouvelles implantations dans le tourisme ou encore le bâtiment et les travaux publics sont en cours», dit-il. C'est dire que le choix de ces secteurs pour le grand rendez-vous de Lisbonne n'est pas anodin. Tourisme : de nouvelles orientations Côté marocain, même le secteur du tourisme portugais a été pénalisé par la crise économique que traverse le pays, le Royaume compte sur la destination. L'ONMT a déjà identifié les principales orientations stratégiques pour le marché portugais. Il faut dire que ce marché a pu attirer 55.000 touristes au Maroc dans un contexte de crise contre 72.000 en 2011. En effet, les arrivées globales de Portugais ont enregistré une croissante annuelle constante entre 2006 et 2011 pour un cumul de 10,7%. La crise économique a interrompu ce trend haussier avec de fortes baisses enregistrées en 2012. C'est dans la perspective de se maintenir dans le giron des destinations prisées pas le client portugais que la politique promotionnelle de l'ONMT Lisbonne a été renforcée avec des actions ciblées: soutien des Tours opérateurs portugais, campagnes promotionnelles médias et hors médias, et un rapprochement auprès du réseau de distribution. L'objectif est d'asseoir la notoriété du produit, d'accroître le nombre de packages et surtout de mettre en place un plan de développement du transport. La campagne de communication institutionnelle prévue en deux phases qu'envisage l'ONMT sera axée sur la station balnéaire Saïdia qui s'en est bien sortie en 2012. Pour le produit culture, c'est El Jadida, Essaouira et Marrakech qui seront mises en avant avec des circuits qui comprennent des destinations où il y a encore tout un patrimoine laissé par la présence portugaise par le passé. Pour les Portugais, la destination Maroc vient après l'Espagne, la France et le Brésil. Au-delà, le Maroc compte également sur cette destination pour opérer une extension vers d'autres pays lusophones, tel le Brésil en vue de promouvoir la destination Maroc auprès de touristes brésiliens. C'est dans ce cadre d'ailleurs, que la Royal Air Maroc dessert Lisbonne depuis avril dernier en Boeing à raison de six fois par semaine, dans le but de répondre à la demande du trafic, notamment sur l'Afrique avec de nouvelles dessertes vers les pays lusophones comme le Cap Vert, la Guinée- Bissau et l'Angola qui sont des axes stratégiques pour la compagnie au départ du Portugal. A noter que la compagnie aérienne portugaise TAP a ouvert une nouvelle ligne en 2010 à destination de Marrakech, avec trois vols par semaine. Elle vole également vers Casablanca avec 13 dessertes par semaine. Outre les Tours opérateurs portugais comme Abreu, Mapamundo, Vip qui s'intéressent au marché marocain, le tourisme marocain peut compter un opérateur de poids qui vient s'installer : le groupe international de tourisme et de loisirs, Pestana, qui a élu son quartier général à Anfa Place living resort à Casablanca. Pestana a à son actif la gestion de 85 établissements implantés dans trois continents. En prospection sur le marché marocain depuis quatre ans, le groupe portugais «Pestana Hôtels et Resorts» s'est vu proposer pas moins de cinq offres avant d'opter pour Anfa Place. Le groupe lusitanien y exploite 73 appartements parmi les 104 du complexe comme des résidences immobilières de promotion touristique (RIPT). Les ambitions de Pestana au Maroc sont de taille. «Nous sommes en négociations avancées avec trois hôtels dans les villes de Marrakech et Agadir», souligne Paulo Garcia, Directeur général du groupe au Maroc. Il s'agit d'établissements 5 étoiles, où le groupe compte bien investir pour asseoir sa notoriété sur le marché marocain. La construction, un secteur qui ne connait pas la crise Toujours est-il que les entreprises portugaises qui cherchent le plus à renforcer leur présence au Maroc restent celles du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Elles sont très présentes dans le segment des autoroutes. C'est le cas, entre autres, de Lena Construction et de Tecnovia qui ont toutes les deux des filiales dans le Royaume. Ce dernier s'est engagé depuis plusieurs années dans le développement des infrastructures (portuaire, aéroport, chemins de fer...) sans compter les plans sectoriels (agriculture, pêche, tourisme, artisanat, nouvelles technologies et plus récemment les énergies renouvelables, notamment, solaire et la logistique). C'est dans cette foulée que la société Tabique SGPS, spécialisée dans l'ingénierie en génie civil dans le secteur de l'infrastructure et les grands complexes d'habitation et l'énergie, s'est installée à Casablanca en y créant sa filiale Tabique Maroc. Le groupe de maîtrise d'œuvre Edificadora Luz & Alves n'est pas en reste : il a récemment porté à 6 millions de DH le capital de sa jeune filiale marocaine, Luz & Alves Maroc sise à Témara. Ce renforcement des fonds propres coïncide avec le parachèvement du premier projet immobilier. Ce projet a consisté en la construction, à Kénitra, d'un complexe résidentiel de 504 appartements destiné au personnel des Forces Armées Royales (FAR). Luz & Alves Maroc compte déjà dans son carnet de commandes d'autres projets. Dans l'ensemble, toutes ces entreprises profitent de la déconvenue de certains investisseurs traditionnels, espagnols en particulier, pour regagner des parts de marché dans le Royaume. «Les entreprises portugaises sont intéressées également à l'idée de développer des projets sur des marchés tiers. Il s'agit en fait de développer une coopération triangulaire entre le Portugal, le Maroc et des pays lusophones et africains», affirme le président de l'AMPA. PROGRAMME DE LA CONFERENCE Lisbonne – Hôtel Tivoli – 17 mai 2013 09:00 – SEANCE D'OUVERTURE 09:45 – Panel I – LE MAROC MODERNE : UN DEFI POUR LA CONSTRUCTION ET POUR LES TRAVAUX PUBLIQUES 13 :00 – DEJEUNER 14:30 – PANEL II – LE PORTUGAL ET LE MAROC : DEUX DESTINATIONS TOURISTIQUES D'ELECTION 16:15 – PANEL III – L'EXPERIENCE DES ENTREPRISES PORTUGAISES AU MAROC 17 :30 – SEANCE DE CLÔTURE