Le président du Mouvement Unicité et Réforme a rendu un vibrant hommage à la laïcité. «Elle a libéré la religion de l'autorité de l'Etat», a-t-il déclaré vendredi à Rabat. Aberrahim Chikhi, qui a troqué à cette occasion sa traditionnelle djellaba pour un costume bleu sans cravate, a mis en sourdine toutes les positions conservatrices de son organisation vis-à-vis des défenseurs des libertés individuelles. «La question des libertés individuelles est désormais urgente et non pas secondaire». Des propos qui n'émanent pas d'une figure laïque mais du président du Mouvement Unicité et Reforme, la matrice du PJD. «Lorsqu'un groupe appelle à modifier la loi, nous ne le considérons pas comme une menace, il exerce sa liberté individuelle dans le cadre de la constitution et la loi. Souvent le discours religieux et islamiste entre en confrontation directe avec ces appels et pourtant nombre de ces appels sont vrais et réels et il faut les écouter et les examiner», a-t-il précisé lors d'une intervention à la conférence sur les libertés individuelles organisée par le MUR, vendredi soir à Rabat. «Tout au long de l'histoire, la liberté est la priorité mais pour garantir sa pérennité il faut la réguler (…) Et différents groupes ont toujours besoin d'élargir la marge de la liberté pour se débarrasser des restrictions, de la domination et de l'autoritarisme exercé par le système», a-t-il plaidé. «La Laïcité a libéré la religion de l'autorité de l'Etat et de la société» Et de rendre ensuite un vibrant hommage aux principes de laïcité. «Elle a permis de préserver et sauver la religion de parties qui l'instrumentalisent pour opprimer les peuples. Les Laïques ont libéré la religion de l'autorité de l'Etat et de la société et l'ont considérée comme étant une affaire entre l'Homme et son Dieu». Abderrahim Chikhi a estimé que «certaines campagnes» placées sous le thème du prêche de la vertu obéissent à «des considérations politiques». Une allusion à l'affaire de la journaliste Hajar Raissouni condamnée en première instance à un an de prison ferme pour avortement illégal. Les positions exprimées le vendredi 11 octobre par le président du Mouvement Unicité et Réforme étonne d'autant plus que son organisation s'est toujours présentée comme la gardienne du temple du conservatisme religieux au Maroc. Le 31 mars 2018, son bureau exécutif avait condamné dans un communiqué les «demandes artificielles et exagérées visant à détourner l'attention de la société de ses priorités et de ses réels besoins en essayant de l'occuper de quelques surenchères et de slogans idéologiques». Le MUR réagissait ainsi aux voix réclamant une révision des règles de l'héritage en islam. Sans oublier que le MUR s'est totalement désolidarisé de Omar Benhammad et Fatima Nejjar «arrêtés pour rapports sexuels consentis hors mariage» en août 2016, au point de les exclure de son bureau exécutif.