Mercredi dernier, les sénateurs brésiliens ont adopté une motion de soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc dans la résolution du conflit du Sahara occidental. Cette démarche illustre un changement des positions dans la région, ou de certains pays qui choisissent désormais d'appuyer Rabat dans le cadre de ce dossier. Près de trois mois après la visite à Brasília du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le Sénat brésilien a adopté à une large majorité une motion de soutien à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara, dans le cadre d'un «respect de l'intégrité territoriale» du Maroc. Mercredi, le ministre brésilien des Relations extérieures, Ernesto Araujo, a reçu cette motion via le président du Sénat, Davi Alcolumbre. Ce document a été approuvé par 62 sénateurs (de la majorité et de l'opposition) sur 81, consacrant ainsi «l'appui du Brésil à la proposition marocaine d'autonomie» en «cohérence avec les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU» et en «compatibilité avec la position de la communauté internationale pour la recherche d'une solution politique réaliste et consensuelle à ce conflit régional». Jusque-là, le Brésil n'a jamais reconnu la souveraineté du Polisario sur le Sahara occidental. Mais le vote de ce texte marque une prise de position, à travers laquelle Brasília choisit ainsi de se ranger du côté de Rabat. Recevant le chef de la diplomatie marocaine en juin dernier, Ernesto Araujo a affirmé le soutien brésilien au Maroc «pour parvenir à une solution réaliste à la question du Sahara». Par ailleurs, il a déclaré être prêt à «contribuer aux différents efforts». Autoproclamée en 1976, la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)» serait-elle en perte de vitesse face aux démarches que multiplie la diplomatie marocaine en direction des Etats latino-américains, notamment ceux ayant entretenu des relations effectives avec le Front Polisario ? Certains pays du continent n'ayant pas reconnu officiellement la souveraineté du Polisario par le passé ont choisi d'apporter leur appui diplomatique au plan d'autonomie, proposé par le Maroc en 2007 pour le Sahara occidental. Le cas du Brésil illustre en effet cette évolution des positions. Les retraits de la reconnaissance de la «RASD» se succèdent Sous le mandat présidentiel de Dilma Rousseff jusqu'en 2016, le Brésil s'est montré plus proche du Polisario. En août 2014, le parlement brésilien a adopté à l'unanimité une résolution en faveur de la reconnaissance de la «RASD» et d'un établissement des relations diplomatiques, évoquant même un droit à l'auto-détermination en rapprochement avec la cause palestinienne. Cependant, l'ex-présidente travailliste n'a pas pris d'initiatives effectives pour la pleine reconnaissance de la «RASD», s'alignant ainsi sur des positions plus modérées sur la question, à l'image de la Russie, de la Chine ou des Etats-Unis. Ce positionnement a changé depuis l'élection du président conservateur Jair Bolsonaro, en janvier dernier, avec des positions officielles plus marquées en faveur des propositions marocaines. Ces dernières années, plusieurs pays d'Amérique latine ont ainsi rapproché leur position à celle du Maroc, particulièrement à la suite de scrutins présidentiels conduisant des candidats moins marqués à gauche. En juin dernier, l'offensive diplomatique marocaine a même poussé l'île de Barbade et le Salvador à retirer leur reconnaissance de la «RASD», contribuant ainsi à rétrécir le champs d'influence du Polisario sur le continent. Le Maroc a également renoué les liens diplomatiques avec des pays latino-américains toujours proche du Polisario, tel que Cuba. Au début des années 1980, le Front Polisario bénéficiait du soutien de près de 80 des pays à travers le monde qui ont jusque-là reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental. Actuellement, cet appui s'est réduit à seulement 30 pays. Article modifié le 2019/09/06 à 19h37