Abdelmalik el Barkani a pris possession, hier, de son poste de délégué du gouvernement à Melilia. Un poste proche de celui de préfet en France. Il est le premier musulman a accéder à cette fonction dans toute l'histoire de l'Espagne démocratique. Abdelmalik el Barkani a pris possession, hier, lundi 2 décembre de son poste de délégué du gouvernement espagnol à Melilia, rapporte El Pais. Il est le premier musulman à avoir été nommé par le gouvernement à ce poste dans toute l'Espagne et l'histoire de la démocratie espagnole. A ce titre, il dirige à présent l'administration de l'Etat sur le territoire de la communauté autonome de Melilia et assure la coordination s'il y a lieu, avec l'administration propre à la communauté (art 154 de la constitution espagnole). Un poste proche de celui des préfets en France. Membre du PP Cette nomination suit logiquement l'arrivée au pouvoir du Parti Populaire (PP) lors des élections du 20 novembre. Abdelmalik El Barkani a adhéré au PP en 1995, peu après avoir acquis la nationalité espagnole, au début des années 1990. Il a quitté les charges de deuxième vice-président de l'exécutif de Melilia et conseiller de la présidence au profit de ce statut de haut fonctionnaire. Il est le deuxième musulman à gagner un poste politique aussi élevé. Avant lui, Aberchán Mustafa, leader de la Coalition Pour Melilia (CPM), lié à la gauche et principal adversaire politique du PP dans la communauté autonome, avait été élu à la tête de la présidence même de la ville en 1999. Comme Mustapha Aberchan, Abdelmalik El Barkani est médecin. Né en 1960 à Melilia il a étudié la neurochirurgie au collège La Salle grâce à une bourse de Rabat, puis travaillé 8 ans dans le secteur médical marocain. Citoyen engagé, il gagne la présidence de l'Institut des Cultures de Melilia chargé de favoriser la coexistence des Méliliens d'origine marocaine et des Méliliens d'origine espagnole. Il a notamment présenté le séminaire permanent sur la culture et la langue amazighes. Enjeux frontaliers Aujourd'hui délégué, Abdelmalik El Barkani est aux avant-postes de l'administration espagnole dans ses rapports avec le Maroc. Le plus gros défi qui l'attend concerne la gestion des flux migratoires passant par le Maroc à destination de l'Espagne, souligne El Pais. Melilia est la première frontière de l'Europe en Afrique du nord. Elle reçoit régulièrement des bateaux d'immigrants marocains ou subsahariens transitant par le Maroc. Aujourd'hui le centre de rétention qui leur est dévolu abrite non pas 480 personnes, comme le voudrait sa capacité maximale, mais 800. Le délégué musulman pourrait également être amené à gérer un autre objet de tension avec le Maroc : l'adhésion de Melilia à l'union douanière européenne dans le cadre de l'Union européenne. Jusqu'ici les deux villes ont toujours eu un «statut spécial» qui les excluait de l'Union, en échange elles bénéficiaient de leur position de zone franche. Abdelmalik El Barkani a toujours été de ceux qui demandaient la fin de ce statut spécial, demandé officiellement par les deux villes, en décembre. L'objectif : voir transiter les marchandises en provenance de l'Espagne par les présides plutôt que par les ports marocains qui bénéficiaient, eux, de la diminution progressive des droits de douanes entre le Maroc et l'Union européenne. Si le gouvernement espagnol accédait à la demande des deux villes, il mécontenterait le Maroc qui s'est toujours prononcé contre la perte du statut spécial.