L'écrivain et journaliste espagnol Javier Valenzuela est l'auteur d'une nouvelle intitulée Hitler à Tanger. Mêlant la réalité à la fiction avec brio, celle-ci vient de remporter le Prix de la nouvelle historique à la deuxième édition du concours Café Español. Né à Grenade en 1954, le journaliste et écrivain Javier Valenzuela s'est longtemps intéressé à l'histoire de la région. Son œuvre a récemment été distinguée en remportant le prix de la nouvelle au deuxième concours littéraire Café Español, qui récompense sa nouvelle intitulée Hitler à Tanger. Ce récit qui a été relayé par Info Libre raconte l'histoire d'une famille vivant à Tanger, avant la Seconde guerre mondiale (1939 – 1945) et dans ses premières années. A ce moment-là, le gouvernement franquiste espagnol ne révèle pas expressément sa position sur le soutien à la guerre à laquelle Adolf Hitler a appelé, mais les alliances se forment. C'est aussi le moment où le protectorat espagnol dans le nord du Maroc est en déclin, donc à la recherche de soutiens européens, et où Tanger est considérée comme zone internationale. A travers le dialogue entre deux personnages, Leila et son grand-père Rachid, un pan de l'occupation de la zone internationale de Tanger par les troupes de la dictature du général Franco en juin 1940 est revisité, effaçant les frontières entre la fiction et les faits réels. Rachid avance notamment que le dirigeant nazi a élu domicile à Tanger pendant quelques mois. Ce récit nous apprend, par ailleurs, qu'au début des années 1940, les Nazis ont traqué la population locale avec le soutien des franquistes. «L'ami Barnabas Lopez m'a dit un jour que les hommes de Franco avaient immédiatement expulsé Mendub et transformé sa résidence en consulat du Troisième Reich», indique le personnage Rachid. Des ramifications avec des rapports secrets Cette légende s'inspire elle-même des récits historiques enrichis par des rapports des services secrets britanniques, mais aussi américains déclassifiés en 2014. Selon ces documents de plus de 700 pages, les Nazis ont planifié la mise en place d'un quartier général du Troisième Reich à Tanger. C'est ce même rapport qui a inspiré à des équipes d'historiens, de journalistes d'investigation et de chercheurs un travail de longue haleine sur cet épisode peu connu dans l'histoire. Ce processus a donné lieu à une série d'émission télévisée appelée «Hunting Hitler», diffusée sur plusieurs chaînes internationales spécialisées. Selon les documents, Martin Bormann, secrétaire particulier d'Adolf Hitler, a planifié ce projet de bout en bout, profitant de sa grande notoriété au sein des Nazis. L'équipe a réussi à relocaliser, à Tanger, un domicile identifié comme étant le «quartier général» des Allemands, au cœur de Merchane à Tanger et qui s'apparenterait au domicile cité par les personnages de la nouvelle de Javier Valenzuela. En effet, la demeure est toujours habitée. Ses occupants actuels confirment même que le premier propriétaire de l'édifice était bien allemand et qu'il a rapidement vendu son bien, dans l'idée d'effacer les traces de son passage puisqu'il pensait être recherché. La grande maison est même dotée d'un passage secret et d'une tour, surplombée par une grande antenne qui remonte aux années 1940. «Hitler à Tanger» a été la nouvelle la mieux classée par le jury présidé par l'écrivain Alfredo Conde, qui a dû en sélectionner la meilleure parmi 104 écrits. Ce prix n'est pas non plus une surprise, puisque Javier Valenzuela est un habitué à l'écriture, comptant douze ouvrages à son actif, paru durant ses trente ans de carrière de journaliste à El País. L'auteur a également été correspondant du quotidien en Afrique du Nord, ce qui lui a permis de porter un regard particulier sur les évolutions sociétales et politiques du Nord du Maroc et notamment de Tanger.