Dans une formation composée essentiellement de technocrates peu habitués aux joutes verbales, l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports fait figure de principal orateur du RNI. Principale cible : le PJD. Au fil des jours, se confirme le rôle croissant de Rachid Talbi Alami au sein de l'appareil du RNI. A défaut de tribuns au sein de la formation politique connue pour ses cadres technocrates, l'actuel ministre de la Jeunesse et des sports passent de plus en plus souvent à l'attaque pour défendre les intérêts de la Colombe à l'occasion de meetings politiques, au Parlement et sur les plateaux des chaînes de télévision. Sa prestation au forum de la jeunesse du RNI de la région Fès-Meknès, organisé le samedi 13 juin à Boulemane, avait consacré l'importance croissante du tétouani au sein du parti. Son intervention avait ainsi éclipsée toutes les autres y compris le discours du président Aziz Akhannouch. Devant plus de 1.400 jeunes de son parti, Talbi Alami avait tiré à boulets rouges sur les islamistes sans les citer nommément. Il s'était notamment interrogé sur les origines des «financements extérieurs» de la Lampe, alors que le RNI est financé par les «contributions de ses militants», assurait-il. Une longue carrière politique dans les gouvernements et les collectivités locales Une attaque qui n'est pas sans rappeler celle qui visait le PJD lors de l'université d'été de la jeunesse du RNI, tenue le 21 septembre 2018 à Marrakech. En prenant la parole devant plus de 4.000 participants, il avait alors accusé la Lampe de «détruire l'économie nationale». Malgré l'appel au calme d'El Othmani, le secrétariat général du PJD avait vigoureusement réagi contre «une attaque ignoble et irresponsable qui est en contradiction avec les principes de la loi organique portant organisation des travaux du gouvernement». Contrairement à de nombreux cadres du RNI, dont certains sont membres de l'actuel exécutif, Talbi Alami n'est pas issu de la catégorie des technocrates qui ont commencé à porter les couleurs du parti à la faveur de leur nomination ministérielle. Il a une longue carrière politique, débutée en 1992 au sein des collectivités locales et la Chambre de commerce de sa ville natale, Tétouan. Depuis, il a gravi les échelons. En 2002 il est nommé ministre de l'Industrie et du Commerce dans le cabinet Driss Jettou. Lors du remaniement ministériel de juin 2004, il est désigné ministre chargé des Affaires économiques et générales. Sous la primature de Abbas El Fassi et la présidence de Benkirane I, il disparait de la scène gouvernementale pour prendre les commandes du groupe des députés du RNI, où il paufinera ses talents d'orateurs. En 2013, et avec le retour du RNI sur les bancs de la majorité, il est propulsé président de la Chambre des représentants au grand dam de nombreux cadres du PJD. Une trêve de circonstance s'installait alors entre lui et les islamistes. Mais son rôle d'opposant au sein du gouvernement a repris de plus belle avec sa nomination en avril 2017 en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports dans le cabinet El Othmani. A l'approche des élections législatives de 2021, on peut s'attendre à voir Talbi Alami accentuer ses attaques à destination du PJD et renforcer ainsi son influence au sein du RNI.