Saâdeddine El Othmani est plus que jamais fragilisé, tant au sein de son parti qu'au gouvernement. Sa réunion avec le chef de la diplomatie du Kosovo n'a rien arrangé. La semaine de Saâdeddine El Othmani aura été ponctuée de revers. Son leadership a en effet été entaché de nombreux coups émanant de sa propre formation et de la coalition gouvernementale. Tout a commencé par le communiqué au vitriol du secrétariat général du PJD contre les déclarations de Rachid Talbi Alami. En l'absence du chef du gouvernement qui représentait le Maroc à la 73e session de l'Assemblée générale de l'ONU, les islamistes ont, indirectement, invité le ministre de la Jeunesse et des sports (RNI) à quitter l'exécutif. C'est inédit. Cette prise de position soulève des interrogations sur l'autorité d'El Othmani au sein même de la Lampe, sachant qu'il avait ordonné lundi aux PJDistes de ne pas répondre aux propos de Talbi-Alami. Une désobéissance qui étonne, d'autant qu'elle émane de sa garde rapprochée. C'est en effet lui qui, au lendemain du 8e congrès du PJD de décembre 2017, avait choisi un à un les noms devant siéger au secrétariat général et veillé à exclure tous les proches de Abdelilah Benkirane. Aziz Akhannouch hausse le ton La fragilité d'El Othmani au sein de son parti a également donné l'occasion au président du RNI de tirer à boulets rouges sur le PJD. Le ton de la déclaration d'Aziz Akhannouch, publiée mardi soir, marque un tournant dans la relation entre les deux formations. «Le RNI ne se laissera plus prendre pour cible car les concitoyens ne comprendraient plus que nous encaissions autant de calomnies sans réagir», a mis en garde le président de la Colombe. Une sortie révélatrice des profondes divergences qui traversent les six composantes de la majorité gouvernementale. Celle-là même qui, depuis sa formation en avril 2017, ne s'est jamais exprimée d'une seule voix. Là réside ainsi l'autre échec de Saâdeddine El Othmani, censé être le chef d'orchestre qui donne aux autres le tempo à suivre. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, à New York, le chef du gouvernement a commis une erreur diplomatique : sa réunion avec le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Behgjet Pacolli, en marge de la 73e session de l'Assemblée générale de l'ONU, aurait suscité quelques grincements de dents. Les milieux officiels observent pour l'heure le silence, alors qu'ils avaient violemment tancé, en décembre 2016, l'ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à la suite de ses critiques contre l'intervention de la Russie en Syrie. Ce qui lui avait valu d'être rappelé à l'ordre publiquement par le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. El Othmani peut s'estimer chanceux.