Et si l'Equateur mettait un terme à sa reconnaissance de la «RASD» ? Redoutant une telle perspective, le Polisario a envoyé à Quito un de ses représentants pour rencontrer le président du Parlement local. Après la Bolivie, le Polisario a mis le cap sur l'Equateur. Son «ministre délégué auprès de l'Amérique latine», Omar Mansour a été reçu mardi par le président du Parlement équatorien, César Litardo Caicedo, indiquent des médias du Polisario. Le même président du Parlement qui avait pris une photo avec Hakim Benchamach en juin dernier à Quito. Une photo largement médiatisée par plusieurs supports marocains pour couvrir d'éloges la «percée diplomatique» du président de la Chambre des conseillers. A Quito, le représentant du Front n'a pas eu de rencontre avec le chef de l'Etat, Lenin Moreno en fonction depuis le 24 mai 2017. Celui-ci a, en effet, d'autres préoccupations majeures. Il a initié une petite tournée au sein de l'Union européenne, qu'il a débuté ce mardi par une visite en Italie. Hier, il a eu des entretiens au palais de l'Elysée avec Emmanuel Macron. Les Pays-Bas seront sa dernière étape européenne. Par ces déplacements, Moreno entend convaincre les responsables à Rome, à Paris et Amsterdam d'investir dans son pays. Depuis son arrivée au pouvoir, lors des élections présidentielles d'avril 2017, ce socialiste modéré a rompu avec la politique de son prédécesseur Rafael Correa. Il a en effet grandement besoin d'investissements pour relancer l'économie de son pays et par la même occasion assurer sa réélection aux présidentielles de 2021. Vers une suspension de la reconnaissance de la «RASD» ? Ses opposants, notamment l'ancien président, l'accusent d'avoir opéré un virage à droite, de mener une «contre-révolution libérale» et d'être affidé des Etats-Unis. «Un changement de cap qui pourrait bénéficier au Maroc dans les mois à venir, d'autant que les deux Etats partagent la même vision sur la situation politique au Venezuela», nous confie une source diplomatique. En effet, le leader de l'opposition à Caracas, Juan Guaido a reçu en mars le soutien de Moreno pour effectuer une «profonde transformation» au Venezuela. Pour le royaume, une suspension ou un retrait de la reconnaissance de la «RASD» par l'Equateur serait une bonne nouvelle et confirmerait ainsi sa percée diplomatique en Amérique latine, après le rapprochement avec le Salvador. On apprend ainsi qu'à l'exception de l'invitation de Brahim Ghali à la cérémonie d'investiture de Lenin Moreno, les liens entre le Polisario et l'Equateur ont presque été rompus. Mais la prudence reste de mise. Pour mémoire, en juin 2014, l'Equateur sous la présidence de Rafael Correa avait déjà annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la «RASD». Une parenthèse fermée deux années plus tard à la faveur des pressions diplomatiques en coulisses.