Malgré le rejet par Nasser Zefzafi et une partie des familles de détenus, d'autres ont accueilli favorablement les efforts consentis par des associations visant à libérer les activistes rifains. Le 26 juin derniet, Nasser Zefzafi annonçait son rejet de toutes les initiatives intercédant en sa faveur et des autres détenus du Hirak du Rif. «Elles ne me représentent pas», a-t-il affirmé dans un message diffusé par son père sur la page Facebook de l'Association Tafra, devenue depuis un espace où s'expriment d'autres voix ne partageant pas forcément l'opinion du leader du mouvement de contestation au Rif. Jusqu'à présent, aucun détenu n'a osé déclarer publiquement son opposition à l'avis exprimé par Nasser, soit par crainte d'être traité de «traitre» ou par respect dû au charisme du leader du Hirak du Rif. En revanche sur la page de l'ONG Tafra, certains soutiennent les initiatives de conciliation avec l'espoir d'une libération de tous les détenus. Des voix qui commencent à se faire entendre Salah Lachkham, condamné à 10 ans de prison, très connu au Rif pour avoir été le meneur d'une protestation des habitants d'un douar de la commune rurale d'Issaken, contre la spoliation de leurs terres. En mai 2017, Lachkham et ses compagnons avaient encerclé l'hélicoptère de l'actuel ministre de l'Intérieur venu dialoguer avec les manifestants. Il exhorte désormais ses camarades de «cesser d'écarter tout ceux qui veulent s'approcher (d'eux). Il faut se concentrer sur la finalité. Le moyen importe peu à condition de travailler sur la libération des détenus et la réalisation du cahier revendicatif», a-t-il écrit. Même son de cloche chez Karim Amghar, également condamné à 10 ans de prison. Depuis sa cellule du centre pénitencier de Tanger II, il a tenu à «saluer tous les efforts et initiatives visant à libérer les détenus, qu'ils soient portés par des partis politiques ou organisations civiles ou par des institutions officielles». Et d'enchaîner en mettant l'accent sur «la nécessité de préserver la dignité des détenus, leurs droits et leurs places en tant que partie principale dans la recherche d'une solution et le règlement du dossier du Hirak du Rif». Houda Sekkaki, l'épouse du détenu El Habib Hannoudi, mais aussi Mohamed El Majaoui, Chakir el Makhrout et Mohamed Asrihi, sont tous du même avis. «Seul Zefzafi me représente !» Dans un post publié sur la page Facebook de l'association Tafra, Slimane El Fahili, condamné à 5 ans de prison, affirme pour sa part que sont nulles et non avenues toutes les initiatives qui ont fleuri ces dernières semaines, clamant haut fort son alignement sur la position du leader du Hirak. Le même rejet est constaté dans les lignes écrites par Ibrahim Abekoui, incarcéré à la prison de Tanger II. Par ailleurs d'anciens prisonniers rifains libérés se prononcent pour un refus total des initiatives visant à libérer leurs camarades. Yabiladi a relevé les cas de Oussama El Aissati, Najim Ez Zaki, Karim Ezzakioui, Acheq Ouzoukagh, Khalid Derkaoui et Samir El Hassani. Nabil Ahamjik, le véritable n°2 du Hirak, est pour sa part resté vague. S'il a mis en garde contre toute «instrumentalisation politicienne» du dossier, affirmant que toute proposition dans ce sens «sera combattue avec force et fermeté» par les détenus, il a aussi plaidé pour une solution de «compromis».