Les détenus du Hirak rifain et leurs familles ne semblent toujours pas disposés à solliciter des grâces royales. Une position déjà défendue par le père de Nasser Zefzafi et Nabil Ahmajik. L'Association Tafra pour la solidarité et la fidélité s'agace des tentatives visant à persuader les détenus du Rif de présenter des demandes de grâces royales. Dans un communiqué, l'ONG les invite «à convaincre plutôt l'Etat de leurs initiatives et à œuvrer pour constituer une force sociétale en vue de faire pression dans ce sens sur l'Etat». Les familles des détenus les exhortent à cesser de «faire pression sur les détenus politiques pour qu'ils effectuent des 'révisions' de leur position au sujet des demandes de grâce, d'isoler Nasser Zefzafi et son père, d'étouffer les voix des familles des détenus et porter atteinte à l'Association Tafra au lieu de valoriser les efforts qu'elle déploie, et ce, malgré ses moyens modestes». Le père de Nasser a déjà rejeté la présentation d'une demande de grâce Cette mise au point de la part des proches des activistes du mouvement de contestation du Rif était prévisible. L'ONG avait déjà pris ses distances avec toutes les initiatives qui ont fleuri ces dernières semaines visant à libérer les prisonniers. Début mai, le bureau de Tafra a en effet décliné une invitation à rejoindre le tour de table d'un comité à Al Hoceima, alors en cours de constitution, avec pour principal objectif de tenter de libérer les détenus rifains. Ledit comité a effectivement vu le jour le 12 mai dans la capitale du Rif. D'ailleurs, une de ces cinq sous-commissions se consacre à nouer des contacts avec les familles et les détenus. Au lendemain du verdict en appel du 5 avril confirmant les condamnations en première instance contre le groupe de Nasser Zefzafi, son père a affirmé dans des déclarations à la presse qu'il «ne demande pas de grâce royale même s'(il) n'est pas contre» arguant que «ces militants n'ont pas commis de crime contre le pays ou le peuple». De son côté Nabil Ahmajik, condamné à 20 ans de prison, avait rejeté l'offre du ministre d'Etat des droits de l'Homme, Mustapha Ramid, faites aux détenus du Hirak les invitant à procéder une «autocritique». «Je suis convaincu que si un ensemble de positions, y compris l'autocritique, sont adoptées» par les concernés «il est clair que l'Etat nous a habitué à ce qu'il revoit ses positions en fonction de la nature des révisions effectuées par l'autre partie», avait-il indiqué dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Arabi, basée à Londres. Visiblement cette question de grâce semble davantage préoccuper certaines parties que les familles et les activistes rifains incarcérés. En témoigne, la vague de grève de la faim qui se prépare. L'Association Tafra a annoncé que Mohamed Mejaoui et Samir Hassani l'observent depuis quelques jours. Rabiî Lablak pourrait les rejoindre dans les jours à venir.