Le président de l'Union conservatrice américaine, David Keene, lié au Parti républicain, a reçu une somme de 180 000 dollars depuis la fin de l'année dernière du gouvernement algérien. Il a également rencontré en janvier dernier John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale au lendemain de sa fameuse déclaration sur le Sahara occidental. De nouvelles révélations sur le lobbyiste américain pro-Algérie David Keene. Mercredi, le Center for Responsive Politics (CRP), organisme à but non lucratif qui retrace l'utilisation de l'argent en politique, a révélé que cet ancien président de la National Rifle Association (NRA), qui défend aux Etats-Unis le droit de posséder des armes, a reçu une somme d'argent à six chiffres du gouvernement algérien depuis la fin de l'année dernière. Sur sa plateforme Open Secrets, le CRP affirme que David Keene, également président de l'Union conservatrice américaine, aurait utilisé ses nombreuses connexions au sein du parti républicain pour aider le gouvernement algérien à défendre ses arguments aux Etats-Unis. A en croire la dernière déclaration déposée par Keene auprès du mécanisme Foreign Agents Registration Act (FARA) destiné aux agents étrangers aux Etats-Unis, le lobbyiste a reçu au moins 180 000 dollars de l'Algérie. Il y indique aussi ses réunions avec un certain nombre de responsables gouvernementaux, notamment des membres du Congrès, des conseillers de la Maison blanche et même du président de la Cour suprême américaine, John Roberts. Dans sa déclaration auprès de FARA, le président de l'Union conservatrice américaine reconnait avoir coordonné des activités aux Etats-Unis visant à «donner une image actualisée de l'Algérie, de son gouvernement et de son rôle dans les affaires régionales et mondiales». Il a aussi informé «les décideurs américains de la situation sur ce pays» et promu «des activités du Congrès, d'organisations non gouvernementales et des médias soutenant les intérêts légitimes de l'Algérie et à ses objectifs politiques, en mettant l'accent sur la coopération stratégique et en matière de sécurité entre l'Algérie et les Etats-Unis». Une rencontre en janvier avec John Bolton Mais parmi ses contacts avec l'administration américaine en 2019, le plus important reste sans doute le conseiller de Donald Trumps à la sécurité nationale, John Bolton. Ce dernier est un ancien collègue de lobbyiste algérien à la NRA. Keene a rencontré Bolton en janvier, peu après que ce dernier eut exprimé sa frustration devant le fait que le conflit du Sahara occidental demeure non résolu malgré les pourparlers de paix des Nations unies. La collaboration entre Keene et le gouvernement algérien ne date pas d'aujourd'hui. L'homme influent a rapporté avoir fait du lobbying pour le voisin du Maroc de 2006 à 2008. Il avait écrit un article d'opinion pour fustiger le royaume quelques années après la fin de son premier contrat algérien. Un accord aux termes duquel l'Américain perçoit 360 000 dollars par an pour ses services. La nouvelle somme signalée par le lobbyiste, de 180 000 dollars, correspond ainsi à la moitié du montant initial. Le Center for Responsive Politics rappelle que le Maroc a lui aussi renforcé son influence et ses propres activités de lobbying, en dépensant l'année dernière près de 1,5 million de dollars ciblant les Etats-Unis, à en croire Foreign Lobby Watch. L'occasion de rappeler que le lobbyiste étranger Richard Smotkin, travaillant pour le Maroc, a aidé à organiser un voyage de 100 000 dollars pour Scott Pruitt, alors chef de l'Agence de protection de l'environnement. Samedi, le nom de Jay Footlik, un «Américain lobbyiste» travaillant pour le compte du Maroc et partenaire de Richard Smotkin a été cité dans une autre affaire. Il aurait fait don de 2 800 dollars à la campagne présidentielle de l'ancien vice-président américain Joe Biden que ce dernier a fini par retourner.